Intervention de Jean-Michel Fauvergue

Réunion du 9 mars 2016 à 16h15
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Jean-Michel Fauvergue, contrôleur général, chef du RAID :

À 13 heures 40, le DGPN m'avise du déclenchement de la FIPN. Je pars vers l'Hypercacher. Une fois arrivé, je prends le commandement de l'ensemble du dispositif.

Sans entrer dans le détail du dispositif, il s'agit de placer des tireurs, des équipes d'assaut d'urgence, des équipes qui vont exfiltrer les gens se trouvant dans le bâtiment à côté de l'Hypercacher et ceux qui étaient dans la pâtisserie Lenôtre, juste en face. L'ensemble des lieux ainsi sécurisé, on commence à travailler : on installe nos deux PC, autorité et opérationnel, et on commence à chercher du renseignement. Ce qui nous importe plus particulièrement, c'est de récupérer les plans, de savoir où sont les entrées et les sorties, et comment sont constitués les murs pour savoir si l'on peut entrer à l'explosif – ce n'est pas possible s'ils sont porteurs. Nous cherchons à savoir comment ouvrir les portes et, dans la mesure du possible, le nombre d'otages – nous pensions qu'ils étaient dix-neuf, en réalité ils étaient vingt-six – et de preneurs d'otages. Depuis le début, nous savions que Coulibaly était preneur d'otages mais, jusqu'à la fin, nous avons pensé qu'il y en avait peut-être un second.

À 15 heures 55, selon mon chronogramme – mais c'est à vérifier –, le ministre de l'intérieur arrive sur les lieux et je lui rends compte de la situation : nous sommes face à un individu radicalisé, au moins dix-neuf à vingt otages se trouvent à l'intérieur, il y a peut-être deux preneurs d'otages. Un premier contact-négociation, que l'on sait très bien ne pas en être une, a eu lieu juste avant. Pendant ce contact assez rapide, Amedy Coulibaly s'est présenté en tant que tel, et a dit un certain nombre de choses traditionnelles.

Lors d'un deuxième contact-négociation, à 16 heures 15, Amedy Coulibaly se revendiquera de son djihad, demandera que la France sorte ses soldats du Mali et que des bandeaux passent sur les chaînes de télévision. Je rendais compte au ministre jusqu'à son départ, puis, comme il me l'avait demandé, j'en référais au directeur régional de la police judiciaire Bernard Petit, qui lui-même rendait compte au ministre et me rapportait en feed-back les informations du ministre.

À 17 heures 15, on préparait l'assaut. Dès le départ, me référant à la démonstration qui lui avait été faite le 13 juillet de l'année précédente, j'avais dit au ministre que l'assaut serait la seule solution si on voulait sauver le maximum d'otages, mais je ne garantissais pas de sauver tous les otages ni de ne pas avoir de pertes dans nos rangs, même si la FIPN ferait tout pour sauver les uns et préserver les autres.

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