Intervention de Jean-Michel Fauvergue

Réunion du 9 mars 2016 à 16h15
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Jean-Michel Fauvergue, contrôleur général, chef du RAID :

Il n'y a aucune raison particulière. Puisqu'on est dans la cadre de la FIPN, mon rapport vise globalement l'ensemble des effectifs. Toutefois, je peux développer la manière dont nous sommes intervenus, à la fois avec la BRI et le RAID.

Nous travaillons avec deux négociateurs, dits N1 et N2 : le premier, qui appartient à la BRI, prend les appels téléphoniques ; le second fait partie du RAID et il analyse ce qui se dit. On est donc bien dans la formation FIPN.

La BRI se voit confier la mission de faire diversion sur l'arrière du bâtiment en faisant sauter la porte arrière à l'explosif et, si possible, d'y entrer. Or il s'agit d'une porte tirante, c'est-à-dire une porte de secours avec une barre que l'on pousse de l'intérieur du magasin pour évacuer les gens en cas d'incendie. Cette barre poussoir n'est pas accessible. La difficulté est donc d'arriver, à partir d'explosifs dont la première qualité est de pousser, à tirer une porte. Assez rapidement, le chef de la BRI me dit qu'il n'a pas la ressource à l'explosif pour y parvenir. Nos artificiers travaillent avec plusieurs unités soeurs, spécialisées dans ce domaine. Deux artificiers du RAID se chargent donc de mener à bien la mission, et la porte est ouverte.

L'ouverture de la porte donne le signal de l'assaut, à la fois devant et derrière. À l'arrière, l'unité de la BRI monte au contact avec nos deux artificiers. On savait déjà, et cela se confirme, que des palettes chargées de sucre, de farine, et autres denrées empêcheraient les effectifs de passer par cette entrée arrière. Néanmoins, il y a eu des échanges de coups de feu à travers ces palettes, ce qui a permis de fixer Coulibaly.

Nous avons pu le surprendre, car, juste avant l'assaut, nous avions eu un dernier contact téléphonique avec lui ; nous le savions pris au téléphone, et cela a constitué un premier abcès de fixation pour Coulibaly. Puis il a été sidéré par l'explosion de la porte – car l'explosif a un effet sidérant –, suivie des échanges de coups de feu avec la BRI à l'extérieur. En même temps que se produisait l'explosion de la porte arrière, les deux colonnes du RAID se mettaient en marche à l'avant, protégées par le camion blindé de la BRI – les nôtres n'avaient pas pu être acheminés, parce qu'ils étaient pris dans le trafic sur le périphérique. La FIPN supposant coordination, coopération, prêt d'instruments et modularité, nous avons pu utiliser les moyens de la BRI. Nos deux colonnes d'assaut du RAID sont arrivées jusqu'au contact de la porte du devant. Elles ont pu l'ouvrir avec les clés que nous avions récupérées – nous avions, sinon, prévu un système d'explosion. Elles ont alors pénétré à l'intérieur, de la façon que vous savez, puisqu'on l'a vu sur toutes les télévisions.

Voilà comment s'est déroulé cet assaut.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion