Intervention de Jean-Michel Fauvergue

Réunion du 9 mars 2016 à 16h15
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Jean-Michel Fauvergue, contrôleur général, chef du RAID :

Je ne comprends pas très bien la question sur la gêne que pourraient occasionner les équipes de secours. Fait-elle référence à l'affirmation par Mediapart d'un problème entre le SAMU et les pompiers ? En tant qu'unité nationale, nous avons l'avantage de disposer d'une unité médicalisée permanente. Elle compte cinq médecins qui sont physiquement capables d'absorber les chocs et qui interviennent avec nous. Quatre d'entre eux étaient présents cette nuit-là. Sur un théâtre d'intervention, nous mettons en place une zone rouge dans laquelle aucun secours ne rentre autre que nos propres médecins. Leur rôle est de suivre la colonne d'intervention pour apporter des soins d'abord aux policiers intervenants, ensuite aux otages blessés.

Au Bataclan, nous avons commencé par sécuriser le bas en maintenant les deux derniers terroristes au niveau de l'arrière-scène afin d'évacuer progressivement les dizaines et les dizaines de blessés que nous avons trouvés en arrivant sur place, avec les morts. Nous parvenions à peine à nous faufiler en traînant les pieds entre les cadavres. Les blessés au sol nous tiraient par le pantalon. C'était une vision d'horreur. Mes quatre médecins et ceux de la BRI voulaient absolument intervenir. Nous avons d'abord sécurisé les lieux. Ils ont ensuite commencé à faire évacuer, aidés par les primo-intervenants présents sur place, avec les moyens du bord. Cela a sans doute sauvé la vie à des dizaines de personnes. Nous étions en zone de guerre, l'évacuation se faisait au moyen de barrières métalliques, à dos d'homme. On a vu de très belles réactions de la part des fonctionnaires de police.

Nous gérons de cette manière nos équipes de secours. Personne ne rentre dans la « zone feu ». On y récupère les blessés qu'on amène vers un nid de victimes, où ils sont pris en charge par les structures d'urgence des pompiers, du SAMU et autres. Nous n'avons donc pas été gênés. Disons seulement que si nos PC avaient été installés, cette noria aurait pu être mise en place en gagnant deux, trois ou quatre minutes, suffisamment peut-être pour sauver une vie.

Concernant les forces de réserve, pour le RAID, j'avais engagé trois alertes et j'avais en réserve toutes les antennes du reste de la France, qui étaient mobilisées. Celle de Lille peut venir assez rapidement sur Paris et nous avons la possibilité d'utiliser des moyens héliportés pour acheminer des équipes restreintes. Par ailleurs, le GIGN était présent dans la capitale, et nous n'aurions pas hésité à l'engager.

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