Intervention de Frédéric Doidy

Réunion du 9 mars 2016 à 16h15
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Frédéric Doidy, chef de l'Office central de lutte contre le crime organisé, OCLCO et des brigades de recherche et d'intervention, BRI nationales :

De même que le RAID dispose d'antennes en province, l'OCLCO dispose des antennes que sont les BRI, créées en 2006 par décret. Son siège se trouve à Nanterre, où sont basées trois brigades opérationnelles : la brigade nationale de répression du banditisme et des trafics, qui est chargée de conduire des enquêtes d'un certain niveau concernant des malfaiteurs d'envergure impliqués dans des attaques à main armée de centres-forts ou dans des affaires d'extorsion de fonds ; la brigade nationale de recherche des fugitifs, qui est chargée, à la demande des autorités judiciaires françaises, de la traque et de la recherche des malfaiteurs en fuite impliqués dans les événements les plus graves et qui fait aussi office de point de contact des autorités étrangères demandant une arrestation provisoire ; et enfin la brigade de recherche et d'intervention, qui est le bras armé de l'OCLCO. En province, aux treize BRI existantes vont s'en ajouter deux nouvelles, toujours dans le même but : accroître notre réactivité – par exemple face au phénomène des go fast, les BRI étant les seules unités à pouvoir suivre ces convois composés d'un véhicule d'ouverture chargé de vérifier qu'il n'y a aucune présence policière aux péages et d'un véhicule transportant plusieurs centaines de kilogrammes de résine de cannabis. En effet, elles sont en mesure de mailler le territoire pour poursuivre des objectifs liés au crime organisé dès Perpignan par exemple, après le passage de la frontière espagnole, et d'exercer une surveillance policière jusqu'à Strasbourg ou à Lille au cas où, en l'absence de flagrant délit, leur interpellation ne serait pas décidée.

Développé dès 1976, ce maillage a évolué depuis : compte tenu de l'évolution de la délinquance, nous tâchons de dupliquer le dispositif de telle sorte que toutes les directions régionales ou interrégionales de la police judiciaire disposent, comme celle de Versailles, d'unités de type BRI dont la mission première consiste à effectuer des opérations de surveillance, de filature, d'interpellation sur la voie publique ainsi qu'un travail d'initiative concernant des malfaiteurs que nous essayons d'interpeller au plus près de l'action, en réunissant un maximum de preuves en vue de les présenter à la justice.

À mesure que la menace terroriste s'est faite plus grave, nous nous sommes rapprochés du RAID dès la fin de 2013 et en 2014 – bien avant les attentats de janvier, donc – pour élaborer avec lui des stratégies conjointes, non seulement en matière terroriste mais aussi en cas d'actes commis par des criminels de droit commun qu'il serait nécessaire d'interpeller à leur domicile au moyen de techniques que le RAID est seul à maîtriser, en particulier l'utilisation d'explosifs pour pénétrer dans un lieu clos. Une telle affaire s'est justement produite à la fin de décembre 2013 dans la banlieue de Strasbourg, où une équipe de malfaiteurs belges avait fomenté le projet d'attaquer des centres-forts en France et sans doute en Allemagne : nous avions convenu avec le RAID qu'il s'occuperait des opérations d'interpellation en lieu clos, les plus dangereuses car les malfaiteurs détenaient probablement des kalachnikovs et autres armes de guerre, des explosifs et des véhicules puissants, et que les BRI se chargeraient le cas échéant des interpellations sur la voie publique et de veiller à la progression du RAID.

C'est ce même protocole qui s'est naturellement déployé lors des attentats contre Charlie Hebdo : à Reims, nous avons assuré dès le soir même la sécurité des opérations du RAID puis, surtout, nous avons exécuté la mission préalablement convenue de récupérer les otages retenus au magasin Hypercacher et de les mettre en sécurité.

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