Intervention de Philippe Chadrys

Réunion du 9 mars 2016 à 16h15
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Philippe Chadrys, sous-directeur, sous-direction antiterroriste, SDAT :

Lors des attentats du vendredi 13 novembre, nous avons là aussi été avisés très vite par notre direction de la commission des premiers faits, vers 21 heures 20. Dans un premier temps, tous les fonctionnaires de la SDAT ont été rappelés, puisqu'il a immédiatement été question d'un acte terroriste. Les informations nous sont ensuite arrivées peu à peu, à mesure que les fonctionnaires se rassemblaient ; la direction centrale, cependant, avisait l'ensemble des services centraux et territoriaux de son ressort.

À 23 heures, j'ai reçu un appel de la section antiterroriste du parquet de Paris m'avisant de sa saisine et de celle de la DGSI, de la préfecture de police de Paris et de la DCPJ, la coordination des opérations étant cette fois confiée à la SDAT et non plus à la préfecture de police. C'est important, car nous nous sommes très vite rendu compte que les attentats se sont produits sur plusieurs sites – lors de notre saisine, nous ne savions pas encore précisément combien, certains sites nous étant désignés alors qu'il s'agissait en fait de lieux où les services de secours avaient rassemblé les blessés. Pendant quelques heures, il a régné une certaine confusion quant au nombre de scènes de crime et au fait qu'une prise d'otages était encore en cours – en réalité, elle a duré bien au-delà de 23 heures.

Nos effectifs ont été très rapidement placés « en configuration ». Dans une attaque terroriste de cette ampleur sans précédent, la coordination qui nous a été confiée consistait à orienter et diriger les investigations conduites par l'ensemble des services saisis, à répartir les missions qui leur incombent, à assurer la remontée rapide d'informations consolidées à l'autorité hiérarchique et à l'autorité judiciaire, à ventiler ces informations aux services co-saisis et aux enquêteurs et, enfin, à centraliser les actes établis par l'ensemble des services impliqués et à établir un plan de procédure. Ce qui peut sembler simple est très compliqué, car notre objectif visait à transmettre une procédure unique à l'autorité judiciaire. Au terme de l'enquête de flagrance, il nous fallut recueillir l'ensemble des procès-verbaux dressés à Paris et en province – jusqu'en Corse – suite à l'exploitation de certains renseignements, et les transmettre à l'autorité judiciaire selon un plan de procédure précis.

Lorsque s'est achevée l'enquête de flagrance, le 24 novembre, nous avions transmis 5 338 procès-verbaux – un nombre considérable.

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