Le ministre de l'intérieur ou le directeur général de la police nationale décident de son activation, en accord avec l'autorité judiciaire. Le 13 novembre, lorsque nous avons décidé dès 23 heures 45 d'activer ce dispositif, j'en ai immédiatement avisé l'autorité judiciaire, qui ne s'y est bien entendu pas opposée.
Ce dispositif permet de coordonner l'ensemble des forces de police et d'enquête qui interviennent, en l'occurrence sous la direction de la SDAT. L'essentiel est d'activer les salles d'appel – celle de la SDAT à Nanterre et celle de la préfecture de police. En cas d'attentat majeur en province qui ne se traduirait pas par la saisine de la préfecture de police de Paris, nous disposons en effet d'une salle nous permettant de déclencher tout de même le dispositif « Attentat ».
Depuis 2005, ce dispositif n'a été déclenché que deux fois : en janvier et en novembre 2015. En mars 2012, lors de l'affaire Merah, j'étais chef adjoint de la SDAT : nous avons hésité à l'activer, le caractère terroriste des actes commis n'ayant été pleinement avéré que lors de l'attaque perpétrée à l'école juive de Toulouse. Il va de soi que ce dispositif ne doit pas être déclenché au moindre attentat commis. Ainsi, la SDAT a été co-saisie à l'occasion d'autres faits de terrorisme, qu'il s'agisse de l'attentat de Saint-Quentin-Fallavier, de l'affaire Sid Ahmed Ghlam ou de celle du Thalys : dans chacun de ces cas, il n'a pas été nécessaire de déclencher le dispositif « Attentat » car il est très chronophage et consommateur d'effectifs. Il faut en effet affecter un certain nombre d'agents à des tâches de réception d'appels et de traitement de l'information. Or, les événements du 13 novembre ont montré que la publication d'une information ou d'une photographie génère d'importants pics d'appels, qu'il nous faut traiter à bon escient. Sur les quelque 17 500 appels que nous avons reçus à cette occasion, trois ont été déterminants, l'un d'entre eux nous permettant notamment, au terme d'un travail de surveillance, de neutraliser Abaaoud à Saint-Denis. Un appel décisif sur 17 000 suffit à justifier la mobilisation d'importants effectifs. Cela étant, ce dispositif n'est prévu que pour les cas d'attentats majeurs ou commis sur plusieurs sites.