Lors de la déposition du témoin, Abaaoud n'était pas encore neutralisé. C'est par d'autres moyens, en particulier l'exploitation de données techniques provenant de systèmes GPS analysés dans les jours suivants, que nous avons su qu'il s'était produit des étapes à La Défense. Placé en garde à vue à la demande du Parquet, le témoin en question nous a donné de nombreux éléments, y compris concernant la présence d'environ 90 terroristes. Je n'ai pas souvenir de tous les détails de ses auditions, mais les informations livrées ont pu être explicitées lors de la garde à vue. Nous n'avions pas encore connaissance d'un projet d'attentat à La Défense, car les choses se sont enchaînées très rapidement : le témoignage a été recueilli le 16 au soir et l'appartement localisé dans la nuit du 17 au 18 novembre – sans qu'Abaaoud, lui, le soit. La filature nous a en effet conduits à l'appartement de la rue du Corbillon, à Saint-Denis, que nous ne connaissions pas ; nous n'avions pas non plus la certitude qu'Abaaoud s'y trouvait. Nous savions cependant grâce aux filatures que Hasna Aït Boulahcen y avait conduit deux personnes depuis Aubervilliers, ce qu'ont confirmé des écoutes téléphoniques vers 22 heures 30 le 17 novembre. Nous avons alors fait appel au RAID, dont le chef s'est rendu à Levallois pour prendre connaissance des éléments dont nous disposions.