Intervention de Noël Mamère

Réunion du 17 septembre 2014 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNoël Mamère :

Cet accord d'association a été soumis au Parlement européen en décembre 2012 et le groupe des Verts a voté contre ; nous ferons de même au sein de cette Assemblée. Pourquoi ? Parce qu'il s'agit d'un accord déséquilibré, qui donne la part belle aux multinationales européennes. Je rappelle que les échanges commerciaux entre l'Amérique centrale, qui regroupe 35 millions d'habitants, et l'Union européenne, qui en compte 500 millions, se soldent par un excédent de huit milliards d'euros en faveur de l'Union. Par ailleurs, cet accord ne comporte pas de dispositions contraignantes en matière sociale et environnementale. Vous avez, à raison, pointé l'exemplarité démocratique du Costa Rica, dont l'ancien président, Oscar Arias Sanchez, a d'ailleurs reçu le prix Nobel de la paix en 1987. Le Costa Rica a veillé à protéger son territoire, qui l'était à 60%, mais il est aujourd'hui la cible de multinationales qui veulent y exploiter l'huile de palme et le grignotent progressivement. Il est donc préoccupant que l'accord ne prévoie rien contre ce type de situations. Cet accord est aussi insatisfaisant sur la question de la transparence financière. Il y a quelque temps, le Parlement européen avait demandé une étude sur la mise en oeuvre des accords d'association conclus avec le Pérou et la Colombie. Celle-ci avait montré les effets pervers de la libéralisation, en l'absence de transparence financière. Elle avait en effet favorisé le blanchiment d'argent sale tiré du trafic de drogues. Enfin, l'accord prévoit que les pays s'engagent à ratifier le traité de Rome instituant la Cour pénale internationale (CPI). C'est d'autant plus important que plusieurs d'entre eux – notamment le Salvador et le Guatemala – ont été déchirés par des conflits meurtriers. Le Président du Nicaragua, Daniel Ortega, est un ancien chef militaire sandiniste qui s'est battu contre la dictature dont il a dénoncé les procédés. Il les a cependant repris à son compte une fois au pouvoir. Il est donc évident que ces pays n'ont pas l'intention de ratifier le traité de Rome. Pour toutes ces raisons, nous voterons contre ce projet. Nous pensons qu'il est capital que l'Union européenne soit présente dans cette région, qui ne peut être simplement l'arrière-cour des Etats-Unis. Mais cela ne peut se faire sous la forme de cet accord. 50% des populations d'Amérique centrale vivent sous le seuil de pauvreté, et rien n'est prévu pour revaloriser leur condition ; il n'y en a que pour les multinationales.

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