Intervention de Bernard Ramanantsoa

Réunion du 22 mai 2014 à 10h00
Commission d'enquête sur l'exil des forces vives de france

Bernard Ramanantsoa, président de la commission Aval de la Conférence des grandes écoles, directeur général d'HEC Paris :

Vous posez une question majeure à laquelle s'intéressent tant la Conférence des grandes écoles – CGE – que HEC Paris. Dans la mesure du possible, je tenterai de séparer, dans mes propos, ce que je sais ou perçois en tant que représentant de la Conférence, et ce que je sais ou perçois en tant que directeur général d'HEC.

Chaque année, et depuis longtemps, la conférence mène une enquête auprès de la dernière et de l'avant-dernière promotion des diplômés de toutes les grandes écoles. L'enquête 2014, qui porte donc sur les promotions 2013 et 2012, n'est pas encore terminée : nous effectuons une relance afin d'améliorer le plus possible le taux de réponse. Je peux cependant vous en présenter d'ores et déjà certains résultats.

S'agissant de la promotion 2013, 20 % des diplômés de commerce et de gestion sont partis à l'étranger, contre 22 % pour la promotion précédente – si toutefois il est possible de comparer les résultats d'une enquête en cours avec ceux d'une enquête terminée. Quant aux diplômés des écoles d'ingénieurs, 13 % d'entre eux ont obtenu un premier emploi à l'étranger. On observe donc cette année une stabilisation du taux de départ des diplômés, faisant suite à une hausse l'année précédente.

Pour ce qui concerne la promotion 2012, la proportion des diplômés de gestion ayant trouvé un premier emploi à l'étranger est plus forte chez les hommes que chez les femmes : respectivement 25 et 21 %. L'écart statistique me semble significatif, même si je n'ai pas vraiment les compétences pour en juger.

Notons que les principaux pays de destination sont le Royaume-Uni et la Suisse : le premier accueille 15 % des partants – 13,6 % des ingénieurs et 16,1 % des diplômés d'école de gestion –, et la seconde 12 %.

De son côté, l'école HEC organise chaque année un sondage de type déclaratif pour connaître le destin de ses diplômés. Ses résultats s'apprécient toutefois différemment selon la période considérée. Entre 2000 et 2013, le nombre d'étudiants exerçant leur premier job à l'étranger a doublé, passant de 16 à 33 %. Mais si on s'intéresse à une période plus brève, on s'aperçoit que, depuis quelques années, ce taux oscille légèrement autour de 30 % : il était ainsi de 30,5 % en 2008 et de 26,9 % en 2010.

Il ne faut pas s'étonner de la différence entre les chiffres d'HEC et ceux de la Conférence des grandes écoles, liée à la nature même de notre école : les élèves de gestion partent, en effet, plus souvent à l'étranger que ceux des écoles d'ingénieurs. En outre, les chiffres que je viens de vous livrer prennent également en compte les élèves étrangers qui repartent dans leur pays d'origine une fois leur diplôme obtenu.

Bien entendu, les résultats varient aussi de façon importante selon la spécialité des élèves. Par exemple, 55 % de ceux qui ont suivi la majeure Finance au cours de la dernière année de leur scolarité trouvent un premier emploi à l'étranger, essentiellement à Londres et à New York. En revanche, 80 % des étudiants de la majeure Entrepreneurs, dont la vocation essentielle, même si elle n'est pas unique, est de préparer les futurs diplômés désireux de créer leur entreprise, obtiennent leur premier emploi en France.

Nous avons également réalisé, en février, un sondage auprès des élèves de première année d'HEC, qui ne feront donc leur choix professionnel que trois ans plus tard. À la question de savoir s'ils aimeraient démarrer leur carrière à l'étranger, 60 % ont répondu positivement : 31 % parce qu'ils imaginent y trouver de meilleures opportunités de carrière, et 9 % parce qu'ils ont une image négative de la France.

Les enquêtes, qu'elles concernent la Conférence ou HEC, font apparaître un écart de salaire significatif entre les diplômés restés en France et ceux qui s'installent à l'étranger. Selon la Conférence des grandes écoles, le premier salaire, brut et hors primes, est en moyenne de 34 500 euros en Île-de-France, de 31 000 euros en province et de 40 300 euros à l'étranger. J'ignore s'il existe une relation de cause à effet entre cet écart de salaire et le taux de départs, mais ces chiffres – qui ne tiennent pas compte des signing bonus, par définition plus élevés pour les expatriés – me semblent significatifs.

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