Intervention de Bernard Ramanantsoa

Réunion du 22 mai 2014 à 10h00
Commission d'enquête sur l'exil des forces vives de france

Bernard Ramanantsoa, président de la commission Aval de la Conférence des grandes écoles, directeur général d'HEC Paris :

L'enquête se contente de demander au jeune diplômé combien il gagne.

Je dois préciser que les étudiants de la majeure Entrepreneurs ne sont pas tous destinés à créer leur entreprise. C'est d'ailleurs un phénomène contre lequel nous luttons : alors qu'ils ont souvent choisi cette spécialisation parce qu'ils avaient un projet de création d'entreprise, nombre de ces élèves sont ensuite recrutés par des grands groupes – banques ou entreprises industrielles et de services.

Nous savons qu'environ 17 % des élèves d'une promotion d'HEC créent une entreprise dans les trois ans après l'obtention du diplôme, ce qui est un résultat plutôt bon. Je ne dispose pas de chiffres précis les concernant, mais j'ai souvent l'occasion de les rencontrer, au sein de l'école puis quelques mois après qu'ils l'ont quittée. Beaucoup ne se posent pas la question de leur départ à l'étranger ; leur réflexe est plutôt de s'implanter en France, afin de bénéficier d'un environnement dans lequel ils sont plus à l'aise et pourront plus facilement activer leurs réseaux. En revanche, ils ont tous, dès le début, l'idée qu'il faudra un jour développer leur entreprise à l'international. Cela fait partie de leur premier business plan, celui qui leur permettra de lever des fonds. En outre, et ce ne sera sans doute pas une surprise pour vous, ils se posent assez vite la question de déménager, pour des raisons liées aux charges, fiscales et surtout sociales. Ils se sentent moins libres en France qu'à Londres, par exemple.

À leur sortie, les élèves sont suivis par l'école, puis par l'association des diplômés. Bien sûr, nous travaillons ensemble, mais nos données ne sont pas tout à fait homogènes. Je suis toutefois en mesure de vous indiquer, par promotion, le nombre d'élèves vivant à l'étranger. Ils sont, par exemple, 92 sur les 359 élèves sortis en 1995, 94 sur les 367 que comptait la promotion 2000, et 76 sur 463 pour la promotion 2010. Pour l'instant, il est donc probable que les anciens élèves ayant une première expérience à l'étranger finissent par revenir. Une question plus compliquée est de savoir si cette tendance va perdurer à l'avenir.

Cela me conduit à répondre au sujet de l'Asie : de plus en plus de jeunes diplômés d'HEC sont attirés notamment par les villes de Singapour et de Shanghai. Hong Kong est en perte de vitesse, tandis que l'Inde et le Japon restent des destinations minoritaires.

L'année dernière, au sein de la Conférence des grandes écoles, nous avons été frappés par l'augmentation du nombre d'étudiants partant à l'étranger – même si, comme je vous l'ai dit, les premiers chiffres dont nous disposons cette année montrent que leur part se stabilise. Les salaires sont-ils un critère déterminant ? Oui. Est-ce le seul ? Non. Pour un étudiant, en tout cas un étudiant d'HEC, une première expérience à l'international est considérée comme une très jolie ligne sur un CV. Si, en plus, le salaire est intéressant, c'est encore mieux. C'est ainsi que certains grands groupes s'intéressant aux diplômés de l'école ne parviennent pas à recruter, malgré des salaires attractifs, parce qu'ils ne proposent pas un premier poste hors de nos frontières. C'est ce que je dis à nos partenaires, notamment au sein de la Fondation HEC : s'ils veulent recruter plus d'anciens élèves de l'école, il faut leur proposer de partir très vite à l'étranger, non pas tant pour le salaire que pour l'expérience.

En ce qui concerne les couples, je ne suis pas en mesure de vous répondre. C'est une question compliquée : soit il s'agit d'un couple de professeurs souhaitant chacun être recruté par l'école, soit il s'agit d'un enseignant vivant en couple, auquel cas on peut être amené, quand on veut le recruter, à rechercher un emploi pour le conjoint. Je ne sais pas comment les choses se passent dans les régions, mais nous allons nous y intéresser.

À ce sujet, et pour illustrer les différences culturelles d'un pays à l'autre, je remarque qu'une candidate à un poste d'enseignant à HEC, mère célibataire, a posé comme condition de son recrutement le financement de la scolarité de sa fille, comme si cela était parfaitement habituel.

Enfin, s'agissant de la densité des sièges sociaux, cet aspect ne fait pas l'objet d'une communication par la Conférence des grandes écoles, mais est mis en avant par certaines des écoles qui en sont membres, notamment de commerce.

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