D'une façon générale, la variable d'ajustement n'est pas le chômage, mais le nombre d'offres. Les diplômés d'HEC se voient proposer moins d'offres qu'il y a dix ans et, de ce fait, ils sont moins exigeants. Au risque de caricaturer, il fut un temps où ils attendaient d'avoir dix propositions avant de choisir ; aujourd'hui, ils se contentent de trois.
Il en est de même pour les élèves des autres grandes écoles, dont le taux net d'emploi reste très bon. L'ensemble des diplômés finit par trouver un emploi au bout de quelques mois, mais l'ajustement se fait par les salaires. L'année dernière, nous avons publié une courbe qui a eu beaucoup de retentissement : elle montrait qu'en euro constant, le salaire moyen des jeunes diplômés dégringolait depuis dix ans. C'est le simple effet de la loi de l'offre et de la demande.
L'enseignement supérieur est, selon moi, un très beau produit d'exportation, mais on oublie de l'appréhender en ces termes. Il permet de faire rentrer des devises presque sans bouger – il faut tout de même aller chercher les étudiants. Le problème est de déterminer le juste prix pour l'enseignement. Il est vrai que l'argument de la gratuité, aussi sympathique soit-il, a de quoi faire sourire si on est en concurrence avec le monde anglo-saxon : lorsque l'on ignore tout de la tradition universitaire française, on risque d'en déduire que l'enseignement ne vaut pas grand-chose. Cela ne signifie pas, toutefois, que les tarifs peuvent être augmentés sans limite : il existe un prix de marché, déterminé par la concurrence. Par exemple, en comparaison avec leurs concurrentes britanniques, les écoles françaises sont moins chères qu'on ne le croit, même si elles le sont suffisamment pour ne pas paraître « cheap ».