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Intervention de Nicolas Lesur

Réunion du 7 octobre 2014 à 19h00
Commission d'enquête chargée d'étudier les difficultés du monde associatif dans la période de crise actuelle, de proposeer des réponses concrètes et d'avenir pour que les associations puissent assurer leurs missions, maintenir et développer les emplois liés à leurs activités, rayonner dans la vie locale et citoyenne et conforter le

Nicolas Lesur, président de Financement participatif France :

Le crowdfunding est fondé sur un principe de transparence, c'est-à-dire qu'un porteur de projet qui met en ligne sa campagne affiche aux yeux du monde entier qui il est et ce qu'il compte faire de cet argent. Il va mobiliser plus que de l'argent : des personnes qui vont le soutenir autrement que financièrement. Par exemple, quelqu'un va demander à un ami de s'engager, comme lui, à verser un don à une association, etc.

Vous avez raison de dire que c'est un phénomène générationnel. Toutes les plateformes constatent en effet que les contributeurs et les porteurs de projet sont significativement plus jeunes que leurs équivalents plus traditionnels. Ils ont besoin de donner du sens à leur argent, de savoir à quoi il sert exactement et d'être acteurs de leurs économies, qu'il s'agisse de quelques euros ou de milliers d'euros.

S'agissant de l'équilibre entre le financement participatif et les sources traditionnelles de financement associatif, il serait extrêmement présomptueux de notre part, au regard des montants collectés à ce jour, de penser que le crowdfunding pourrait contribuer à hauteur de 75 milliards d'euros au financement du monde associatif. Ce sera peut-être le cas un jour, mais pour le moment le financement participatif est un outil nouveau qui s'ajoute à toute la palette des financements possibles et qui se fait souvent de façon très complémentaire. Dans le cadre d'un projet d'entreprise, le fait de réussir une campagne de crowdfunding aide souvent à convaincre d'autres financeurs de la pertinence d'un projet.

Quant aux garanties, tout dépend des modèles des différentes plateformes. Le crowdfunding repose sur une forme de désintermédiation, c'est-à-dire que l'on crée un lien direct entre des personnes qui donnent, investissent ou prêtent, et un porteur de projet, que ce soit une association, une entreprise ou un individu. Il y a une forme de « pression de la foule » pour que les choses se passent bien. Cela ne veut pas dire, bien évidemment, qu'il n'y a pas de risque, mais c'est une autre manière de l'appréhender. Dans le crowdfunding, on ne confie pas son argent aveuglément à un tiers, on est dans un système où le donateur, l'investisseur, le prêteur assume l'engagement qu'il prend financièrement et la part de risque qui peut être associée – à chaque plateforme d'imaginer d'autres systèmes pour adoucir cette partie-là.

Presque toutes les plateformes de crowdfunding prélèvent une commission pour la raison simple que le système se veut le plus souple et le plus rapide possible. Il ne s'agit donc pas d'aller négocier à la petite semaine des contreparties et des contrats. J'ajoute que la plupart des plateformes qui exercent en France ne sont pas rentables aujourd'hui parce que la fabrication de tels systèmes nécessite des investissements, des compétences humaines. Dans la plupart des cas, plusieurs dizaines de millions d'euros sont nécessaires pour amortir ces systèmes. Aujourd'hui, très peu d'acteurs se demandent s'ils doivent fonctionner différemment, car le système des commissions est assez banalisé sur Internet et il a le mérite de la transparence. En vérité, le taux de commission peut être de 3 à 4 % sur certaines plates-formes et de 8 % sur d'autres, sachant que sur ces 8 %, 3 % représentent les frais de transaction. La plateforme reçoit donc en fait 5 %.

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