Je souhaite revenir sur la question des garanties. SPEAR travaille avec des acteurs bancaires qui cherchent à se garantir sur tel ou tel niveau. Cela passe par des mécanismes très classiques de prise d'hypothèque, mais aussi des contre-garanties que l'on peut obtenir auprès d'acteurs publics, semi-publics ou privés. Ce processus est très spécifique à SPEAR et n'est pas très présent dans la sphère de la finance participative. Globalement tout se passe bien, tout est transparent : si je ne rembourse pas, on pourra venir me chercher. L'opération doit être simple, effectuée en peu de clics, et le mode de paiement doit être facile également. Prévoir une garantie suppose un mécanisme complexe, d'avoir compris le risque auquel on est exposé, de définir le niveau de garantie que l'on accepte de prendre. Tout cela est trop compliqué et pas forcément adapté au financement participatif classique. Pour notre part, c'est l'une de nos spécificités.
Vous nous avez demandé comment se positionne la finance participative par rapport à des acteurs comme la BPI, le PIA et les fonds d'épargne salariale. La finance participative se fonde sur la transparence. Je le répète, SPEAR traite des objets économiques qui ont des comportements assez similaires à ceux des entreprises puisqu'ils versent des salaires et ont un modèle économique, etc. Il faut une diversité des ressources financières, prévoir des subventions d'investissement qui sont considérées comme des fonds propres. La loi relative à l'économie sociale et solidaire a renouvelé le titre associatif. D'ailleurs, je vous invite, en tant que législateurs, à apporter au titre associatif une logique défiscalisante, tout comme on peut défiscaliser un investissement en investissant dans une PME ou une TPE en phase d'amorçage ou de développement avec les dispositifs Madelin et TEPA.
Nous sommes ravis de la diversité des acteurs qui viennent compléter les modes de financement d'une association. Mes grands-mères me disaient de ne pas « mettre tous mes oeufs dans le même panier ». Plusieurs typologies de financement sont donc nécessaires. Le tout crowdfunding, le tout bancaire ou le tout fonds propres n'est pas possible. Il faut donc préserver cette diversité. J'ajoute que le crowdfunding est complémentaire car il est transparent. Les fonds d'épargne salariale doivent investir 5 à 10 % de leurs encours dans des associations ou des entreprises qui ont l'agrément d'entreprise solidaire. Aujourd'hui, cela représente environ 4 milliards d'euros en France. Pourquoi ne pas permettre à des salariés de l'entreprise de choisir le projet dans lequel ils vont investir leur épargne salariale solidaire ? Beaucoup de choses sont possibles avec le crowdfunding puisqu'il repose sur la transparence, la simplicité et l'interactivité. C'est la première fois que je sais où va mon argent et que je peux lui parler. Certains de nos porteurs de projet font visiter leur entreprise, leur association à leurs épargnants. Par exemple, ils les invitent à la pose de la première pierre du bâtiment basse consommation qu'ils construisent. On crée du lien social par l'argent. Il faut superposer les différents outils qui ne sont pas du tout en concurrence.