Intervention de Christophe Guilloteau

Réunion du 23 octobre 2014 à 9h10
Commission élargie : finances - défense nationale - affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Guilloteau, rapporteur pour avis de la commission de la défense pour le programme « Préparation et emploi des forces : Air » :

Monsieur le ministre, le projet de loi de finances pour 2015 que vous nous avez présenté correspond à un budget tendu, dans une loi de programmation militaire taillée au plus juste. Je dirais qu'il est juste cohérent, voire juste suffisant, avec les choix de réduction des formats et des contrats opérationnels, que nous avons décidés dans le cadre du Livre blanc de 2013 et de la LPM.

Je salue l'effort particulier fait cette année pour augmenter de 5,96 % les crédits de l'entretien programmé des matériels (EPM), gage d'une meilleure disponibilité technique des matériels.

S'agissant du programme « Préparation et emploi des forces : Air », je tiens à signaler que, cette année encore, l'armée de l'air va poursuivre la réduction de ses effectifs. À cet égard, j'appelle votre attention sur la réduction du nombre d'officiers, qui a certainement atteint ses limites. Comme vous le savez, les missions spécifiques de l'armée de l'air nécessitent un taux d'encadrement important. L'essentiel est de maîtriser la masse salariale.

Vous avez annoncé, monsieur le ministre, le 15 octobre dernier, un plan de restructuration pour l'armée de l'air. J'aimerais que les restructurations à venir puissent être annoncées avec suffisamment de préavis afin que les militaires et leurs familles puissent les anticiper dans les meilleures conditions.

L'enjeu du projet de loi de finances pour 2015 est de maintenir la cohérence et l'équilibre du modèle d'armée que nous avons choisi, ce qui implique un plein et entier respect de la loi de programmation militaire. Or cette cohérence est fragile. Le 2 octobre 2013, vous avez déclaré devant la commission de la défense : « nous avons atteint un équilibre tel que si on enlevait une brique de l'édifice, il s'effondrerait ». Le général Denis Mercier, chef d'état-major de l'armée de l'air, a quant à lui déclaré que l'armée de l'air avait atteint aujourd'hui la dernière étape où la pleine souveraineté est maintenue sans abandon de compétence.

Je ne reviendrai pas sur les craintes légitimes de certains, que je partage, sur l'obtention en 2015 des recettes exceptionnelles prévues par la LPM ni sur la faisabilité de mettre en place une société de projet avant le mois de septembre 2015.

Je voudrais vous interroger sur un élément déterminant, qui conditionne la cohérence du nouveau modèle de l'armée de l'air : la préparation opérationnelle différenciée et le projet « Cognac 2016 » visant à moderniser la formation des pilotes. Les auditions que j'ai menées ont montré que nous pourrions au mieux espérer un projet « Cognac 2017 » voire 2018 ou 2019… Comment expliquer le retard pris pour s'équiper d'avions de type Pilatus, indispensables à la réalisation de l'entraînement différencié ?

Dans la partie thématique de mon avis, j'ai souhaité mettre l'accent sur les forces spéciales de l'armée de l'air, qui me semblent trop souvent oubliées, au regard de la capacité de premier plan qu'elles ont prise dans les opérations récentes. Je tiens à rendre hommage aux hommes et aux femmes que j'ai rencontrés à l'occasion d'un déplacement récent auprès des forces spéciales dans la bande sahélo-saharienne. Leur implication, leur dévouement et leur abnégation forcent l'admiration.

Les militaires que j'ai rencontrés m'ont fait part de leur inquiétude sur un risque de « trou capacitaire » en matière de transport tactique des forces spéciales, entre l'extinction progressive de la flotte de C-160 et la lente montée en puissance de l'A400M. Qu'est-il prévu pour le transport tactique des forces spéciales ? Où en est le programme de rénovation du C- 130 qui, d'après mes informations, se limite à un traitement des obsolescences ? Ne pourrait-on pas, dans le cadre de l'Europe de la défense, envisager un partenariat avec l'Allemagne, qui dispose de C-160 à mi-vie ?

Pour ce qui concerne les équipements, où en est le programme à effet majeur relatif aux véhicules des forces spéciales, qui tarde à se mettre en place et qui est particulièrement attendu par les acteurs de terrain ? Comment comptez-vous relever le défi de la LPM du « + 1 000 effectifs » dans les forces spéciales, sans sacrifier la qualité à la quantité ? Ne pensez-vous pas qu'il serait opportun de réfléchir à la mise en place d'un système qui prendrait mieux en compte la prise de risque des forces spéciales et qui répondrait à leur besoin de reconnaissance ?

Pouvez-vous préciser le calendrier d'acquisition du troisième vecteur et d'un deuxième système de drone Reaper, dont j'ai pu mesurer l'efficacité sur le théâtre de l'opération Barkhane ?

Enfin, j'aimerais que vous indiquiez à la représentation nationale où en est le projet, prévu par la LPM, de rapprochement de la flotte de Caracal sur un seul site, ainsi que le projet d'intégration de tout ou partie de l'escadron « Pyrénées » dans le commandement des forces spéciales ?

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