Monsieur le ministre, vous savez l'estime que je vous porte, et nul ne doute du respect que je porte à nos armées.
Mais le monde n'a jamais été aussi dangereux : les Russes ont augmenté leur budget de défense de 30 %, les Algériens de 15 % ; les Chinois l'augmentent de 15 % par an depuis plusieurs années ; les Américains augmentent à nouveau leurs dépenses. Nous, en revanche, nous sommes en disette budgétaire, et les Européens en plein désarmement collectif…
Votre budget essaye de le masquer. Mais, sur 31,4 milliards, il y a 2,1 milliards de recettes exceptionnelles, 3,5 milliards de reports de charges, 1,2 milliard de surcoût des OPEX. Au total, 23 % de l'annuité, et 80 % du budget d'équipement, sont fictifs.
Pour le cacher, vous avez inventé un outil extraordinaire, un OVNI juridique : la société de projet. On avait les portiques d'Écomouv', on avait les concessions d'autoroutes, mais ça, c'est vraiment formidable ! Pour mettre en oeuvre cette invention, il vous faudra de toute façon une loi : vous donnez la propriété d'armes – le coeur du régalien – à on ne sait trop quelle entreprise privée. Vous rencontrerez des problèmes de propriété, mais aussi d'assurance – le matériel de guerre étant fait pour être utilisé, il peut être détruit – et d'affectation. Tout cela me paraît surréaliste. Écoutez le président de la commission des finances, qui vous veut du bien : revenez aux investissements d'avenir.
Non, le compte n'y est pas. Et vous ne pouvez pas dire que vous allez faire avec : votre boulot, c'est de présenter à la nation des comptes sincères. Vous êtes en déroute et vous tentez de le dissimuler. Je suis triste de voir ce désarmement budgétaire, alors que jamais la France n'a couru de si grands dangers.