Intervention de Dominique Minière

Réunion du 25 octobre 2016 à 18h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Dominique Minière, directeur exécutif groupe en charge du parc nucléaire et thermique d'EDF :

Pour conclure, il est possible de tirer quelques enseignements de cette situation. Tout d'abord, nous assumons les impacts de toutes ces démarches sur la charge de nos équipes qui est très importante, sur les travaux de caractérisation et de compréhension à mener ainsi que sur la production, même si ceux-ci s'élèveront cette année à plusieurs centaines de millions d'euros, en lien avec l'annonce de notre nouvelle trajectoire de production pour 2016. De même, il faut s'attendre à des impacts sur les années prochaines, d'où la nouvelle trajectoire de production sur l'année 2017, indiquée en septembre.

Cependant, comme nous venons de l'expliquer, nous arrivons au bout du traitement d'un certain nombre de dossiers, notamment ceux de Flamanville 3 et de Fessenheim 2. Nous confirmons ce que nous avions dit sur la non remise en cause de la sûreté de nos réacteurs, y compris Flamanville 3, ce qui nous rend raisonnablement confiants pour la suite. Ce point pourrait surprendre, mais il s'explique par le fait que dans l'industrie nucléaire, nous prenons beaucoup de marges et développons une vraie défense en profondeur, grâce à des lignes de défense nombreuses. Le traitement de tels dossiers consomme des marges, mais sans altérer la sûreté de nos réacteurs.

Tout ce processus de revue se fait dans la transparence. Nous informons bien sûr l'ASN, mais nous avons aussi demandé à l'ensemble de nos sites d'informer leurs Commissions locales d'information respectives régulièrement. Nous visons à aboutir sur l'ensemble de ces dossiers le plus rapidement possible, mais en qualité. Bien évidemment, nous sommes mobilisés, sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre, pour traiter le dossier des ségrégations de carbone sur les fonds JCFC équipant douze réacteurs, et pour répondre à toutes les questions de l'autorité de sûreté. L'objet des travaux en cours est de vérifier que, malgré les ségrégations de carbone identifiées, les exigences de sûreté propres à l'industrie nucléaire demeurent parfaitement respectées. Nous avons d'ailleurs mené les mêmes travaux d'investigation sur des réacteurs équipés de fonds de générateurs de vapeur issus du Creusot, car nous nous sommes posé les mêmes questions, vues leurs conditions de fabrication, et les six ont pu être redémarrés en toute sûreté.

Rappelons que ces réacteurs ne sont pas en panne et que tous les sujets qui viennent d'être exposés n'ont pas de rapport avec leur âge. D'ailleurs, les deux sujets évoqués, celui des ségrégations de carbone et des irrégularités du Creusot ne doivent pas masquer l'état du parc nucléaire. Les résultats de sûreté opérationnelle seront bons cette année. Le taux de panne de nos réacteurs, hormis ces deux sujets, n'a jamais été aussi bas et nos arrêts pour rechargement sont en ligne avec les objectifs que nous nous étions fixés. Nous travaillons en parallèle à tirer le retour d'expérience, en particulier en ce qui nous concerne la surveillance des fabrications, qui est visiblement améliorable. Mais nous exigeons également d'AREVA que toutes les causes de ce qui a été mis en évidence soient analysées et que des traitements ou des parades soient mis en place, pour que cela ne se reproduise plus jamais.

Laissez-moi terminer par une conviction issue de toute mes années d'expérience et de traversé de ce type de difficultés. La démarche engagée est vertueuse sur tous les plans. Elle rendra l'industrie nucléaire française plus sûre, donc plus forte, notamment pour les fabrications à venir.

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