Je ne suis pas certain d'être le mieux placé pour répondre à la première question, mais je vais tout de même m'y efforcer.
Effectivement, les hommes ne sont pas forcément légitimes pour prendre part au combat féministe et, dès lors, doivent plutôt s'y positionner en tant qu'auxiliaires venant soutenir la parole féministe, portée par la voix des femmes. Si le féminisme reste un combat de femmes pour les femmes, à une époque où le marketing est devenu incontournable, il nous paraît intéressant de tirer parti de la singularité de la parole des hommes, et d'utiliser cette clé d'entrée pour nous faire entendre.
Il y a une quinzaine de jours, j'ai assisté à une réunion au cours de laquelle a été posée cette même question – qui, il faut l'avouer, revient assez souvent. Plusieurs femmes ont exprimé la revendication de voir se constituer des groupes de réflexion non mixtes, en invoquant un argument encore inédit. Je connaissais celui selon lequel il peut être difficile d'évoquer les violences sexuelles en présence d'un homme, mais j'ai été surpris de m'entendre dire que, dès lors qu'un homme était présent, il fallait le rééduquer en lui donnant des explications sur une multitude de points, ce qui cause une perte de temps considérable par rapport aux assemblées constituées uniquement de femmes.
Si un homme féministe n'est donc pas « illégitime » dans le combat féministe, sa présence au sein d'un milieu militant féminin est intéressante mais sous certaines conditions.