Pour rebondir sur la question des hommes dans le féminisme, nous avons chez nous une petite cellule d'hommes : ils sont minoritaires, mais ils sont bien là. Nous avons commencé par les former, à leur demande : ils nous ont expliqué que leur situation était compliquée, parce qu'ils avaient tendance soit à tomber dans tous les travers des hommes qui se revendiquent féministes – être bavards, monopoliser la parole, etc. –, soit à ne rien faire et à se cacher dans un coin : bref, ils faisaient de la figuration, et cette inversion des rôles n'est pas forcément préférable à leur répartition habituelle. Bien que nous soyons une toute petite structure, nous avons donc formé les garçons, en reprenant la liste citée par Frédéric Robert et qui figure, je crois, dans la base de données d'à peu près tout le monde chez nous. De même que nous avions formé les filles à prendre la parole sans s'excuser à l'avance parce que ce qu'elles vont dire a peut-être déjà été dit, nous avons appris aux hommes à se taire, et, surtout, à ne pas interrompre.