En ce qui concerne les hommes, je suis beaucoup moins optimiste. Même si nous avons dans notre association des adhérents hommes, dont deux membres de Zéromacho, et même si j'ai bien entendu les principes énumérés par Frédéric Robert, aujourd'hui encore, même les hommes ouverts au féminisme, même ceux qui se battent pour ne pas rester dans la domination masculine donnent l'impression de nous faire un petit cadeau… Je ne ressens pas de véritable changement dans le milieu masculin.
Un exemple. À la fin de la bande-annonce du film Patients de Grand Corps Malade, on entend : « C'est dommage que les femmes handicapées soient dans un fauteuil roulant, parce qu'on ne peut pas savoir si elles ont un gros cul ! » J'en ai parlé à beaucoup de messieurs soi-disant féministes ; ils m'ont répondu : « Tu ne vas quand même pas prendre la mouche pour ça ! C'est normal ». Pour moi, ce n'est pas normal. Malgré tout notre travail, il y a encore beaucoup à faire. Tant qu'on ne nous respectera pas en tant que femmes, totalement femmes, on ne pourra pas réellement avancer. Tous les hommes présents ici et ailleurs devraient affirmer que l'on n'a pas le droit de dire que si une femme handicapée est en fauteuil roulant, on ne verra pas son postérieur ! Cela résume parfaitement le travail qui nous reste et notre difficulté, à nous, femmes, à être dans les faits les égales de nos partenaires masculins.