Mes chers collègues, je crois que le Gouvernement, depuis plusieurs jours, ne sait plus sur quel pied danser. Vous êtes en effet, mesdames les ministres, confrontées à un véritable paradoxe auquel vous n'avez pas eu le courage d'apporter une solution, cela a été dit à maintes reprises.
Pour en revenir à la question de la filiation, chacun se souvient que, dans la première version du texte, vous aviez d'abord tenté de supprimer toute référence au père et à la mère. Puis, face à l'énormité de la tâche et à la naissance de ce monstre linguistique – un peu comme la novlangue d'Océania dans 1984 de George Orwell, cette langue inventée pour éviter toute critique –, vous en êtes revenues à une autre position – le fameux amendement balai – reposant sur ce que Mme la garde des sceaux a appelé la « logique interprétative ».
Ainsi, lorsqu'on dit « père » et « mère », chacun doit, en fonction de sa vie intime, comprendre qu'une mère peut être un homme et qu'un père peut être une femme. Vous avez refusé de modifier le code civil, ce qui est le comble du déni et de l'évitement.
Par ailleurs, dans la formule que vous supprimez, vous appliquez une autre logique tout aussi grave qui, en supprimant la phrase : « ils veulent se prendre pour mari et femme », vise à supprimer le principe de l'altérité sexuelle.
À l'origine, l'idée, à laquelle nous serions parvenus avec l'alliance civile, était de créer une reconnaissance du couple homosexuel. Or, avec ce texte, vous n'opérez plus du tout une reconnaissance : vous désintégrez l'altérité sexuelle du code. Cette solution totalement différente a un impact sur l'ensemble des couples de notre pays, à l'opposé de ce que vous aviez affirmé, parce que vous êtes enfermées dans le déni et le refus de voir la vérité depuis le début de la discussion de ce texte.