Intervention de Noël Mamère

Réunion du 6 février 2013 à 16h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNoël Mamère :

Au risque que vous considériez encore que mes propos s'éloignent du sujet qui nous est soumis, je veux rappeler que récemment, après la catastrophe de Fukushima, une enquête sur la sécurité nucléaire a été déclenchée par l'Autorité de sûreté nucléaire et des « stress test » réalisés. Nous étions alors plusieurs à regretter que la question d'éventuels actes de terrorisme contre les centrales nucléaires n'ait pas été abordée.

Nous nous trouvons pourtant dans une situation de vulnérabilité. Un site comme celui de la Hague, où l'on trouve des petits bidons de plutonium de 2,5 kilos, représente l'équivalent de 70 fois Tchernobyl. Des avions arrivant de l'Est peuvent l'atteindre avant d'être interceptés par des chasseurs français. Nous nous souvenons d'ailleurs que des batteries antiaériennes avaient été disposées autour des centrales nucléaires après plusieurs incidents, afin de rassurer la population. Mais les spécialistes militaires s'accordaient à dire que cela ne servait à rien et ne protégeait personne.

Que l'on signe une convention sur la répression du terrorisme nucléaire est une chose, mais que l'on multiplie les centrales au niveau international et que l'on ne fasse rien contre la dissémination depuis la fin du rideau de fer et l'éclatement de l'ex-Union soviétique en est une autre. Et il est probable qu'il n'est pas très difficile aujourd'hui pour des apprentis terroristes établis au nord Mali ou ailleurs de s'en prendre ainsi aux populations. La première menace qui pèse sur ces populations est d'ailleurs en France, pays le plus nucléarisé par rapport au nombre d'habitants, où il n'existe pas une centrale qui ne soit à moins de 80 km d'une grande ville. Les risques sont donc considérables.

A cet égard, on ne peut pas comparer les actions de Greenpeace avec du terrorisme : cette organisation n'a fait que démontrer la vulnérabilité de nos centrales nucléaires. Et les moyens utilisés par Greenpeace sont très sommaires – que l'on se souvienne de la jeune femme entrée dans l'hémicycle avec des talons hauts. Ce dernier épisode m'a d'ailleurs valu, pour un bras d'honneur à des personnes qui me traitaient de voyou, que l'on supprime un tiers de mon indemnité. Je n'avais pourtant pas fait un doigt d'honneur contre la repentance à l'égard de l'Algérie, comme un collègue du Sénat.

Greenpeace avait seulement pour but de démontrer les risques que des personnes mieux équipées et animées par de mauvaises intentions pourraient faire peser. Ce ne sont pas des terroristes et il faut cesser les amalgames. Nous avons déjà un Président qui confond les Touaregs avec des terroristes et des preneurs d'otages. Le terrorisme a un sens précis et, comme l'a rappelé Jean-Paul Bacquet, il conviendrait d'en donner une définition.

Je voterai ce projet de loi, bien sûr, mais je déplore que l'on ne prenne pas réellement les mesures de protection nécessaires contre un risque aussi majeur. Voilà les observations que je voulais faire et je vous remercie de m'en avoir donné la possibilité.

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