Intervention de Frédéric Reiss

Réunion du 6 février 2013 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Reiss :

La nouvelle majorité présente la formation des maîtres comme une des nombreuses priorités de son action, mais la majorité précédente avait conscience de la nécessité d'améliorer la formation des enseignants, comme le prouve la constitution par notre Commission, sous la précédente législature, d'une mission d'information dont le rapport est intitulé « Mieux former les enseignants ». Les anciens se souviennent des épisodes rocambolesques qui ont marqué la publication du rapport de cette mission, le rapporteur ayant dû se résigner à en retirer deux propositions, notamment celle qui visait à supprimer à terme le concours de recrutement pour le remplacer par le master... Mais ce rapport proposait aussi de mieux articuler concours et formation, enseignement disciplinaire et pratique professionnelle. Il est dommage que nous n'ayons pas eu le temps de passer aux travaux pratiques !

Il est également regrettable que la loi Fillon d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école de 2005 n'ait pas eu le temps de produire tous ses effets, alors qu'il était jusqu'ici d'usage que les lois d'orientation relatives à l'école soient en vigueur durant une quinzaine d'années. Elle est en effet à l'origine de nombreuses innovations, telles que l'instauration d'un socle de compétences et de connaissances.

L'article qui intégrait les IUFM dans les universités a été un des derniers à être mis en oeuvre. À cette occasion, le niveau de qualification requis pour être enseignant a été porté au niveau master. Loin d'être une double peine, monsieur Statius, la mastérisation est une chance, en ce qu'elle assure un continuum de la formation, de la maternelle à l'université. Elle est aussi une chance pour l'école du socle commun. Le groupe SRC ne la remet d'ailleurs pas en cause.

La réforme de la formation des enseignants est donc restée inachevée. On ne peut pas s'empêcher de faire le rapprochement avec la révision générale des politiques publiques (RGPP), dont on ne peut contester les vertus, même si la suppression de l'année de stage des professeurs débutants en était une conséquence malheureuse.

Dans son dernier avis de janvier 2013 – qui sera probablement le dernier dans l'absolu –, le Haut Conseil de l'éducation soulignait l'importance d'établir un lien étroit entre recherche, expérimentation et formation, tant initiale que continue. Selon lui, « les ESPE doivent être pleinement intégrées aux universités, afin d'instituer une authentique synergie avec le monde de la recherche et de l'enseignement supérieur ». Dans un avis plus ancien, le même Haut Conseil avait rappelé l'importance du socle commun, même si l'enseignement ne doit pas s'y résumer, et appelé à assurer une formation des professeurs en lien avec ses exigences. Cette formation doit par conséquent garantir en premier lieu une solide maîtrise des disciplines et une bonne culture générale, amenant à rechercher les complémentarités et les convergences entre les disciplines. Nous ne pouvons que souscrire à ces intentions.

Avancer les concours d'un an ne risque-t-il pas de placer des enseignants sans formation professionnelle devant les élèves ? Un concours à l'issue de quatre années d'université, suivi d'une année de formation en alternance, n'est-ce pas là une forme de masterisation « light », masquée par un diplôme qui ne signifie pas nécessairement une meilleure formation, et donc un retour en arrière ? D'autre part, le problème des « reçus collés » reste entier : quelle solution proposer aux élèves qui intègrent le master mais échouent au concours ? Selon le Conseil économique, social et environnemental, la place des concours, coupant le master en deux, obérerait fortement le caractère intégré d'un cursus alliant enseignement théorique et pratique, stage, formation disciplinaire et professionnelle.

Le Conseil supérieur des programmes jouera-t-il pleinement le rôle que le projet de loi lui assigne en veillant à la cohérence de la formation des futurs enseignants ?

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