Je vous ferai part d'une satisfaction, d'une inquiétude et d'un espoir.
Ce projet de loi est en lui-même un motif de satisfaction : il était nécessaire de créer une structure dédiée à la formation des enseignants, disposant de moyens propres.
Je m'interroge cependant quant à notre capacité de « reconstituer un vivier » d'enseignants à un moment où, dans des matières comme les mathématiques ou l'anglais, on offre plus de postes qu'il n'y a de candidats. Il apparaît urgent de revaloriser le rôle de l'enseignant, après le déclassement social, culturel et économique de ces dernières années – on se souvient du discours de Latran du précédent Président de la République. Il faut également améliorer les conditions du recrutement : de ce point de vue, un prérecrutement au niveau de la licence permettrait de ne pas réserver ce métier à ceux qui ont les moyens de poursuivre leurs études quatre ou cinq ans après leur baccalauréat. Les emplois d'avenir professeur sont une première solution, mais ne devrait-on pas aller encore plus loin en permettant à ceux qui auraient la capacité d'exercer ce métier s'il n'y avait l'obstacle de difficultés familiales, personnelles ou financières de continuer leurs études ?
Il faut enfin revaloriser les conditions d'exercice de la profession et, en particulier, ne plus « lâcher » les jeunes professeurs en terrain exposé.
Mon espoir naît du fait que le projet de loi pose de bonnes bases, qu'il nous appartiendra toutefois de préciser. Nous proposerons ainsi par voie d'amendements de définir plus clairement le statut des ESPE, avec une gouvernance partagée, ainsi que le tronc commun de la formation. Nous proposerons également de faciliter les transitions pratiques et méthodologiques entre le primaire, le secondaire et le supérieur.
Je voudrais par ailleurs appeler l'attention de nos collèges sur le risque de voir s'installer une fracture numérique entre les centres urbains et certains territoires ruraux. Étant donné le rôle éducatif que le numérique sera de plus en plus appelé à jouer, il serait bon que nous entendions Mme Fleur Pellerin sur ce sujet.
Je voudrais enfin vous interroger sur les moyens que vous envisagez de déployer pour remettre sur pied la formation continue des professeurs, qui semble totalement sinistrée.