Intervention de André Chassaigne

Réunion du 4 juillet 2012 à 16h15
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

La plupart des interventions que nous avons entendues se placent dans le cadre d'un certain système économique, comme si celui-ci était intangible, avec la recherche de résultats financiers, notamment dans la grande distribution, avec un mode de production toujours identique, avec la recherche d'une marchandisation généralisée de toutes les activités humaines. On peut porter ici d'autres choix !

On peut aussi – cela a été esquissé – se poser la question de la consommation en prenant en compte les grands enjeux de société. Peut-on se poser la question de la consommation sans prendre à bras-le-corps la question de la transition écologique ? Peut-on continuer à commercialiser des produits dont on sait qu'ils seront frappés d'obsolescence quasiment dès la fin de leur période de garantie, et qu'ils devront alors être remplacés ? Peut-on continuer à vendre des produits alimentaires achetés ailleurs, par exemple en Asie, alors que l'on connaît les terribles conséquences de ces achats sur la vie dans ces pays, notamment lorsque des monocultures détruisent les cultures vivrières ? Peut-on continuer à ne pas se poser les questions des conséquences écologiques de ce que l'on vend, des ressources, de l'énergie nécessaires pour produire ? Savez-vous ce que deviendra, en fin de course, le produit que vous vendez ? Il faut se poser la question d'une économie circulaire, et ne pas lier systématiquement la consommation à la croissance : dans certains cas, il faut se poser la question, de façon certes sélective, d'une forme de décroissance.

Je voudrais également souligner qu'il faut non seulement parler du consommateur, mais aussi du producteur. Il faut penser à la qualité de la vie des acteurs, et en particulier aux producteurs agricoles et aux fournisseurs. Ceux que je connais, monsieur Leclerc, m'expliquent comment les choses se passent, me racontent les discussions menées chaque année avec la grande distribution. C'est terrible ! Et cela a ensuite des conséquences sur les salaires, sur la production dans leurs petites et moyennes entreprises ! Les agriculteurs subissent eux aussi les conséquences très graves de la LME : ils ne s'en sortent plus, ils sont écrasés et asphyxiés par les acheteurs. Enfin, lorsque qu'on évoque la pharmacie et la grande distribution, pensons à l'aménagement du territoire !

Derrière tout cela, derrière les prix, il y a l'humain, l'humain des producteurs, des PME, de la petite distribution, de l'emploi agricole. Il ne faut pas l'oublier, et c'est notre responsabilité !

L'Observatoire des prix et des marges a-t-il seulement vocation à faire la transparence sur les marges nettes ? Ne peut-on pas se poser la question des charges que l'on impute pour en arriver à ces marges nettes très réduites ? Comment fait-on le calcul – je pense par exemple à l'immobilier ?

Il faut également penser à l'emploi agricole. On joue sur les prix des fruits et des légumes en important, de façon scandaleuse, à certaines saisons, dans le seul but de faire baisser les prix : ne faut-il pas penser aux conséquences notamment pour les producteurs nationaux ?

Il y a enfin la question de l'emploi industriel. On parle de fabriquer français, mais quels sont les outils que l'on peut se donner ? J'ai constaté pour ma part une évolution, notamment dans le domaine de la coutellerie : de plus en plus, le consommateur recherche le produit français. Mais quel cadre législatif pouvons-nous construire pour l'y aider ? Il faut travailler notamment sur les indications géographiques. Accompagnons ces évolutions de la consommation, mais sans couper le consommateur du reste de l'économie et de la société.

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