J'ai bien entendu le « je pense, donc je consomme » de M. Merlière, et je m'interroge sur l'être et l'avoir de M. Michel-Édouard Leclerc. Le lien entre croissance et consommation est-il si évident ? Il faut poser la question des importations, qui pourraient être liées à une relance de la consommation. Il faut s'interroger sur les arbitrages entre épargne et consommation ; et l'épargne doit pouvoir déboucher sur l'investissement.
En termes macroéconomiques, le modèle français est jusqu'ici plutôt celui d'une politique de la demande, quand l'Allemagne privilégie une politique de l'offre. Quel est votre sentiment sur cette alternative ?
Dans la tension entre consommateur et producteur – tension parfois schizophrénique puisque ce sont finalement les mêmes personnes qui sont concernées – j'entends bien parler de prix bas et de pouvoir d'achat. Mais je n'entends pas souvent dire que les prix bas peuvent résulter de salaires bas ! Je suis moi aussi tout à fait convaincu de la nécessité de constituer des filières. Mais il n'y aura pas de construction durable de filières sans transparence véritable ; or, on nous présente comme critère de transparence l'exposé des marges nettes. J'apprécie le trompe-l'oeil, dans l'art baroque mais il me semble moins pertinent ici : en l'occurrence, il me semble que la marge brute est le seul critère possible de transparence. En effet, la marge nette prend en compte les marges des centrales d'achat, les frais immobiliers, etc. On ne pourra construire des filières que sur des bases saines, et le critère de la marge brute me paraît bien meilleur.