Intervention de Lionel Guérin

Réunion du 12 février 2013 à 17h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Lionel Guérin, président du nouveau pôle régional d'Air France, « Hop ! » :

La compagnie « Hop ! » s'insère en effet dans le plan Transform 2015. En 2011, nos réseaux de court et de moyen courriers ont perdu 500 millions d'euros. La réforme déployée de 2012 à 2014 repose sur trois piliers : l'activité propre d'Air France, sur le hub de Roissy-Charles de Gaulle (CdG), à Orly et sur les bases de province de Marseille, Toulouse et Nice, avec le lancement des premiers prix bas en janvier afin de faire face à la concurrence des compagnies à bas coût ; l'activité low cost de Transavia, filiale d'Air France créée en 2007, et dont l'activité, rentable depuis 2012, se développe à raison de 30 % par an, principalement dans les transports de loisirs sur le bassin méditerranéen et en Europe ; enfin l'activité régionale, qui se répartit entre les flux d'avions comptant moins de 100 sièges, alimentant le hub, et une activité de point à point en Europe, au départ d'Orly ou des villes de province à destination de l'Europe, avec son propre hub à Lyon.

À la fin de 2011, l'activité régionale était déficitaire à hauteur de 160 millions d'euros, dont 130 millions pour les vols sous pavillon d'Air France et 30 millions pour les vols de Brit'Air et de Airlinair. Air France a donc décidé de supprimer progressivement, entre 2012 et 2014, 37 destinations européennes fortement déficitaires au départ de Roissy-CDG. De sorte que, des 120 avions quotidiens à la fin de 2011, il n'en resterait que 81 à la fin de 2014, soit une diminution de 20 %.

En 2011, les trois compagnies réalisaient ensemble un peu moins d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires, employaient 3 500 salariés et comptaient 100 avions de 50, 70 et 100 sièges.

Les avions basés à Roissy voleront désormais davantage – plus 6 % – dès 2013.

Ces deux mesures réduiront déjà le déficit d'environ 80 millions d'euros cette année, première étape du redressement du groupe Air France.

Pour le reste de nos activités, nous avons également décidé de revoir fondamentalement notre modèle commercial afin de mieux tenir compte des attentes de nos clients dans une conjoncture économique atone depuis 2008 et un contexte de concurrence exacerbée sur les prix.

Les vols low cost représentent aujourd'hui, en France, 20 % du trafic aérien de passagers, alors qu'ils atteignent 40 % en Allemagne et au Royaume-Uni. Il faut donc s'attendre à une augmentation de leur part du marché domestique.

Nos clients se répartissent en trois catégories : la clientèle d'affaires, ou d'entreprise, qui représente 30 % des passagers et 60 % de notre chiffre d'affaires ; la clientèle familiale et de loisirs, comprenant notamment les jeunes et les seniors, qui représente également 30% des passagers mais seulement 10 % de notre chiffre d'affaires ; enfin la clientèle dite intermédiaire, représentant 40 % des passagers et 30 % du chiffre d'affaires.

Les études de marché préalables au lancement de « Hop ! » ont montré que notre clientèle recherchait avant tout des formules de mobilité rapide, partout en France et en Europe, assorties de prix beaucoup plus bas qu'actuellement.

Nous nous sommes donc engagés dans une réforme qui constitue une révolution chez Air France puisqu'elle consiste à abandonner son pavillon traditionnel.

Les vols assurés par « Hop ! », annoncés le 28 janvier dernier, commenceront le 31 mars prochain.

Nous avons choisi ce nom pour traduire de façon simple et claire un service consistant à proposer des sauts d'une région à l'autre. Les premières retombées sont favorables, surtout en province.

Nous avons diminué tous nos tarifs de base d'au moins 10 euros et, à l'instar d'autres grandes compagnies mondiales, proposons sur le site internet de « Hop ! » les prix les moins chers pour chaque vol en fonction de sa date et de son horaire. Plus on réserve tôt son billet, moins celui-ci est cher.

Parallèlement, nous avons créé, en haut de gamme, le tarif « maxiflex », répondant au désir des entreprises de bénéficier du maximum de flexibilité. Plus élevé, il correspond à des prestations plus facilement modifiables ou remboursables.

Nous prévoyons qu'à l'été 2013, « Hop ! » disposera de 98 avions, dont 86 en exploitation et 12 en réserve afin d'assurer un service stable et sécurisé, 3 500 salariés hérités des trois compagnies précédentes, 136 destinations en France et en Europe, 530 vols quotidiens, une commercialisation par plusieurs canaux, dont le site d'Air France, les agences de voyages et les points de vente.

Ainsi, et toujours dans le cadre du plan Transform 2015, nous augmentons le rendement de nos avions, nous négocions avec les syndicats la réalisation d'économies, de 15 % pour « Hop ! » et de 20 % pour Air France, par un gel des salaires, une meilleure productivité du travail, une amélioration des processus et une plus grande synergie entre les compagnies du groupe, notamment grâce à des achats groupés et à des mises en commun d'appareils.

Nous préférons, sur un vol donné, et pour un même chiffre d'affaires, enregistrer un plus grand nombre de voyageurs avec une recette unitaire plus basse, de façon à attirer de nouveaux clients ou à faire revenir des clients que nous avions perdus. Notre coefficient de remplissage s'établit aujourd'hui à 65 %, ce qui est trop faible. Nous espérons l'accroître de 10 %, soit directement, soit en accroissant la taille des avions.

Enfin, nous comptons augmenter nos recettes auxiliaires, notamment au titre des bagages, et pousser davantage les innovations. C'est ainsi que nous avons passé un accord avec le syndicat de la presse quotidienne régionale afin de développer des applications sur terminaux mobiles et d'offrir à nos clients dits premium les 420 éditions des journaux régionaux sur tablette, ce qui leur permet de prendre connaissance des informations locales avant d'arriver à destination. Quant à nos clients dits basiques, ils pourront désormais acheter le journal dont ils disposaient autrefois gratuitement, ce qui nous apportera des recettes commerciales supplémentaires en notre qualité de kiosque.

Nous avons intégré, dès le démarrage du projet « Hop ! », la nécessité de présenter un bilan carbone annuel aussi bas que possible, inférieur même aux objectifs du Grenelle de l'environnement. Il sera consolidé avec celui des autres compagnies du groupe et intégrera, outre la consommation de carburant, qui constitue environ 95 % des émanations de gaz carbonique, l'occupation des sièges.

Nous mettons en place un site de covoiturage, comparable à celui de Transavia, particulièrement intéressant pour les jeunes se rendant aux aéroports, notamment à celui d'Orly dont l'accès est très difficile à certaines heures.

En liaison avec l'Union des aéroports français, quelques « aéroports pilotes », certaines régions françaises et l'association « Les petits débrouillards », nous nous efforçons d'oeuvrer en faveur de la biodiversité en favorisant les bonnes pratiques aéroportuaires.

Le réseau de « Hop ! » devrait également contribuer à l'aménagement du territoire en offrant des solutions complémentaires au train et à la route. Nous ne concurrençons pas la voie ferrée puisque, en dessous d'un temps de transport de 2 h 30, l'avion cesse d'attirer les voyageurs. Entre 2 h 30 et 3 h, une certaine répartition s'opère entre les deux modes de transport.

« Hop ! » devrait atteindre son équilibre à la fin de 2014 pour, ensuite, gagner de l'argent. Nous serons contraints, conformément au plan Transform 2015, de supprimer, sur les 3 500 emplois actuels, 106 postes de pilote, 34 postes de personnel navigant et 50 postes au sol.

Les premières réactions du public à la création de la nouvelle compagnie sont positives. Un million et demi de pages du site internet de « Hop ! » a déjà été visité en deux semaines. On ne note aucune rupture dans les ventes de billets entre la marque Air France et la nouvelle marque. Nous comptons 10 000 fans sur Facebook.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion