L'avenir de notre enseignement supérieur constitue un enjeu crucial pour redresser notre économie, relancer la croissance et préparer l'avenir.
Le bilan du précédent gouvernement est placé sous le signe de l'échec. La loi LRU, censée être la grande réforme du quinquennat, devait donner aux universités les moyens de l'excellence, selon les termes de Valérie Pécresse. Or quelle est la situation des universités cinq ans plus tard ? La loi LRU n'a pas atteint l'objectif annoncé, à savoir permettre aux présidents d'université de mener des projets innovants en leur donnant la capacité de rivaliser avec les grandes universités étrangères. En outre, la manière dont la loi a été mise en oeuvre a aggravé les problèmes de l'enseignement supérieur. On peut, de mon point de vue, résumer ainsi le bilan du précédent gouvernement : accroissement des difficultés financières, creusement des inégalités entre les universités et, surtout, oubli de la question de la réussite des étudiants.
Non seulement les universités n'ont pas bénéficié de la marge de manoeuvre financière attendue pour se développer et mener des projets innovants, mais un quart d'entre elles seraient aujourd'hui déficitaires. Celles qui ne le sont pas en paient le prix fort : coupes dans les crédits de fonctionnement, réduction forcée des dépenses de personnel. Le précédent gouvernement avait annoncé une augmentation sans précédent du budget de l'enseignement supérieur. En réalité, les universités n'ont vu arriver qu'une infime partie de l'argent promis.
La place faite aux appels à projets au détriment des financements récurrents pose également problème, à plusieurs titres. Les équipes universitaires ont consacré un temps faramineux à y répondre, dans une véritable course aux financements. Non seulement seule une faible partie des sommes promises dans ce cadre a effectivement été versée, mais le fossé s'est élargi entre établissements, aux dépens des universités pluridisciplinaires de taille moyenne situées dans les zones géographiques plus populaires ou éloignées des grands centres urbains, qui ont malheureusement été souvent écartées des appels à projets.
De nombreuses annonces ont été faites concernant les étudiants, mais très peu ont été suivies d'effet. Que sont devenus les 730 millions d'euros consacrés au plan pour la réussite en licence ? La communauté universitaire estime, de manière unanime, que cet argent n'a pas profité aux étudiants. Je ne reviens pas sur la question des bourses : la mesure qui a été prise n'a pas été financée.
Le redressement de notre pays implique que l'on sorte de cette logique d'annonces non suivies d'effet. L'investissement dans l'enseignement supérieur n'est pas une charge pour la société ; c'est au contraire ce qui nous permettra de sortir de la crise et de préparer l'avenir. Les mesures ont été prises à marche forcée, sans véritable concertation avec l'ensemble des acteurs de la communauté universitaire. Je suis très satisfait que vous souhaitiez prendre le temps d'écouter ceux-ci à l'occasion des assises auxquelles j'aurai, à titre personnel, plaisir à participer.
Je me réjouis également de vous voir faire de la réussite des étudiants une priorité. La démocratisation de l'enseignement supérieur a connu un net coup d'arrêt ces dernières années : un étudiant sur deux échoue en première année ; 17 % des étudiants sortent sans diplôme de l'université. La création de 5 000 postes dans l'enseignement supérieur, que vous avez annoncée, est une bonne nouvelle. Ces créations de postes doivent permettre de répondre aux besoins pédagogiques des étudiants et d'améliorer les conditions de travail des personnels. Elles constituent la condition d'une réforme réussie des premiers cycles : il s'agit de favoriser la réussite de tous les étudiants en licence, sans pour autant transformer les premiers cycles en « collèges universitaires » dissociés de la recherche.
Les conditions de vie des étudiants se sont fortement dégradées et la précarité s'est accrue. L'échec résultant des difficultés financières est inacceptable. Le taux d'échec des étudiants salariés est jusqu'à 20 points supérieur au taux d'échec moyen. Cette situation doit absolument être prise en compte dans une réforme du système d'aides sociales pour les étudiants.
Les conditions de logement sont également cruciales. L'engagement pris pendant la campagne électorale de construire des logements étudiants constitue une première réponse aux difficultés croissantes que rencontrent les jeunes pour se loger.
J'appelle enfin votre attention, madame la ministre, sur la question de l'accès des jeunes à la santé. La situation est extrêmement préoccupante : près d'un quart des étudiants renoncent à se soigner pour des raisons financières. Il y a là un chantier à ouvrir avec les représentants des différentes mutuelles étudiantes.
Je suis, vous le savez madame la ministre, député d'une circonscription qui compte deux universités sur son territoire : Paris 8 à Saint-Denis et Paris 13 à Villetaneuse. Leur implantation dans les villes populaires de la Seine-Saint-Denis revêt une dimension importante : elle favorise le dynamisme de ce territoire et permet aux jeunes de ces quartiers d'accéder à une formation de qualité. Le développement de ce type d'universités dans les banlieues ou dans les villes moyennes qui accueillent de nombreux jeunes issus des catégories sociales populaires constitue un enjeu de taille. Ces universités ne doivent pas être oubliées dans les politiques de l'enseignement supérieur. Elles doivent même être au coeur de la réflexion et de l'action : soutenir leur développement, c'est soutenir également le développement des quartiers et des villes dans lesquelles elles sont implantées et, partant, garantir aux jeunes qui y vivent le droit aux études et à une qualification.
À cet égard, comment envisagez-vous, madame la ministre, l'avenir du plan Campus, en particulier des opérations qui ont déjà débuté ? Vous avez fait état d'une expertise en cours sur la question des partenariats public-privé. C'est, à mes yeux, une nécessité urgente. Une expertise est également nécessaire sur l'équilibre financier de ces projets. Je pense en particulier au projet Condorcet, qui aura besoin d'un soutien politique fort.
Je souhaiterais également que vous abordiez, madame la ministre, la question de la formation permanente.