Reste que les images comptent, dans la vie diplomatique. Le contraste est grand entre une Grande-Bretagne implorant ses partenaires, il y a quelques semaines encore, de bien vouloir lui permettre de demeurer dans l'Union européenne alors même qu'elle ne pouvait accepter de monter dans ce fameux train de l'intégration rapide, et le retour triomphant de David Cameron à Londres, qui non seulement a obtenu ce qu'il voulait – un budget en baisse et la garantie d'un juste retour pour son pays – mais a remporté de surcroît un beau succès diplomatique grâce auquel il a, provisoirement j'espère, fait mine de réunir un front sur la base d'une alliance germano-britannique, brisant, pour le moment du moins, le fameux couple franco-allemand supposé être le moteur de la construction européenne.
Le retour de David Cameron n'est peut-être pas aussi triomphal que celui de son illustre prédécesseur Benjamin Disraeli à la suite du congrès de Berlin de 1878, mais son succès fera tout de même date dans les annales de l'Union européenne.
On comprend mieux à présent le sens des admonestations goguenardes de Mme Merkel à Berlin qui nous rappelait, à nous le partenaire dépensier du couple, que son pays, voire l'Europe, ne pouvaient plus désormais accepter et encore moins cautionner nos écarts financiers.
L'histoire de ce supposé budget européen est loin d'être écrite. Nous n'en sommes qu'au début. Notre Parlement s'honorerait à en examiner sans concession la signification profonde en termes d'organisation et de fonctionnement de l'Europe plutôt que de se borner à en dresser une comptabilité dérisoire et peut-être trompeuse pour la France. (Applaudissements sur les bancs du groupe RRDP et sur quelques bancs du groupe UMP.)