Tout d'abord, vous dites, comme M. Borloo, qu'il y aurait une dégradation de la relation franco-allemande. C'est la première critique, elle est récurrente, litanique, elle vient systématiquement lorsque l'on traite des questions européennes. Vous ajoutez, comme M. Borloo, qu'à la faveur du débat budgétaire qui vient de s'achever, un axe germano-britannique se substituerait à l'axe franco-allemand.
Vous êtes tous deux trop informés des questions européennes pour ne pas savoir que la relation franco-allemande ne correspond pas du tout, quand on regarde le temps long, c'est-à-dire depuis le début de l'Union européenne, à un âge d'or sans rupture qui conduirait tous les chefs d'État et de gouvernement à s'entendre spontanément sur toutes les questions, à l'exception de notre période, qui serait la seule à sacrifier la relation franco-allemande.
Vous n'ignorez tout de même pas qu'y compris la veille de la signature du traité de l'Élysée, le général de Gaulle s'interrogeait sur l'opportunité de le signer en raison des divergences entre lui et Konrad Adenauer sur l'Europe de la défense, notamment au regard du lien transatlantique, et vous savez qu'une excellente contribution de Pierre Lellouche, publiée dans Politique Internationale, le relate. Il rappelle que la relation entre le général de Gaulle et Konrad Adenauer fut, pour des raisons qui tenaient à leur vision de l'Europe, tumultueuse.
Quant à Valéry Giscard d'Estaing, dont vous avez été l'un des disciples, Pierre Lequiller, il fut un grand Européen.