S'agissant de la place des femmes dans l'Institut, madame Massat, vos chiffres sont incontestables et l'on ne saurait se satisfaire d'une telle situation. Les choses évoluent cependant. Ainsi le nombre de femmes directrices de recherche augmente de 1 à 2 % par an, ce qui peut effectivement sembler peu si l'on ne tient pas compte des effets de démographie. Déjà, 52 % de nos chargés de recherche sont des femmes et, certaines années, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à être reçues à nos concours de recrutement. Par ailleurs, 49 % des lauriers de l'INRA ont récompensé des femmes. Enfin, tous nos collègues en situation de responsabilité s'attachent à promouvoir des femmes au sein des instances de recrutement ou d'avancement.
Notre département « Sciences pour l'action et le développement » a lancé toute une série de projets de recherche sur les circuits courts, mais ce sujet relève davantage de la recherche socio-économique que de l'agronomie en tant que telle.
Si nous sommes attachés au COV, monsieur Fasquelle, nous ne nous interdisons pas de recourir au brevet si cela nous permet de préserver notre autonomie de recherche. En revanche, nous craignons que certaines initiatives actuelles tendant à la création d'un brevet unique européen n'aboutissent à remettre en cause le dispositif du COV.
Nous avons une longue tradition de recherche dans le domaine des produits du terroir. La difficulté pour nous est de mener des recherches qui intéressent des territoires particuliers en évitant une atomisation et une dispersion de nos travaux à la mesure de l'extrême diversité des terroirs français ! Nous nous demandons par exemple si nous devons continuer nos travaux sur les vins AOC du Val-de-Loire sans essayer d'en tirer des outils utiles pour l'ensemble des viticulteurs sous AOC.
Parmi nos travaux utiles à la pêche, je citerai ceux que nous menons dans notre station du lac Léman, dans notre pôle de Saint-Pée-sur-Nivelle ou sur les fleuves côtiers de Bretagne, sur des populations de poissons d'eau douce, mais d'autres portent sur l'aquaculture, en collaboration avec l'IFREMER, ainsi que sur l'écotoxicologie dans les bassins versants.
Nous veillons avec un soin tout particulier à disposer d'une vision intégrée de l'ensemble des filières agroalimentaires, de l'amont à l'aval. Il est possible d'ailleurs que l'intégration insuffisante de ces filières ne soit pas étrangère aux problèmes de compétitivité que rencontre l'agriculture française. D'autre part, nous faisons en sorte que nos études sur de nouveaux systèmes de production tiennent compte, à côté de leurs performances, de l'ensemble des impacts, tant écologiques qu'économiques. À cet égard, le maître mot me semble devoir être « diversité », tant je suis persuadé que toute homogénéisation massive de ces systèmes est source de problèmes sanitaires, comme l'est aussi toute réduction de la variété des espèces végétales et animales. La biologie confirme d'ailleurs l'avantage des formes plurielles et leur robustesse : ainsi la stagnation des rendements céréaliers en Europe depuis le milieu des années quatre-vingt-dix est liée, non seulement au changement climatique et à l'évolution des pratiques, mais aussi à la simplification des assolements et des rotations.
La relance du projet de Colmar est actuellement à l'étude : nous sommes en phase d'expertise, afin de dresser un bilan de l'essai de culture qui a été malheureusement et scandaleusement arraché, nous interdisant de répondre à toutes les questions qui nous étaient posées, notamment sur l'impact des PGM sur l'environnement. Si nous considérons que seuls des essais de culture en champ donneront ces réponses, nous redéposerons une demande d'autorisation.
En tout état de cause, le centre de Colmar reste, à côté de ceux de Montpellier et de Bordeaux, un des trois éléments de notre dispositif en faveur de la filière « vigne et vin ». C'est en effet là que sont conduites une très grande partie de nos recherches sur les maladies de la vigne et du vin ou sur l'amélioration variétale. Nous comptons en outre revitaliser depuis Colmar le réseau « Vigne et vin septentrionaux », le RVVS, qui permettait un dialogue vivant entre chercheurs, instituts techniques et interprofessions d'Alsace, de Bourgogne et de Champagne.
L'INRA consacre des moyens non négligeables aux recherches sur le bien-être animal, monsieur Pellois. Elles sont menées à Tours, à Jouy-en-Josas, à Rennes, à Clermont-Ferrand ou encore à Toulouse et ont donné lieu à une expertise collective il y a un an ou deux. D'autre part, si elles n'apparaissent pas au nombre des objectifs prioritaires des investissements d'avenir, un centre de ressources génétiques et biologiques sur l'animal dont la coordination a été confiée à l'INRA a été sélectionné à ce titre. En outre, nos travaux sur la nutrition humaine et sur la métagénomique du tube digestif peuvent être transposés aujourd'hui dans le domaine de l'alimentation animale.
L'accord signé avec l'ACTA nous amène à collaborer dans le cadre d'une vingtaine d'unités mixtes technologiques et de vingt-sept réseaux mixtes technologiques. Nous avons associé certains instituts techniques agricoles à des projets d'investissements d'avenir tels que les projets « Biotechnologies et bioressources » ou le projet de phénotypage végétal. Après avoir traversé une phase un peu délicate, notre coopération s'est renforcée et nous envisageons désormais de remplir une mission d'appui auprès de l'ACTA, en lui donnant accès à certaines de nos ressources.
L'expertise que nous avons conduite sur les cultures intermédiaires montre en effet que celles-ci constituent des pièges à nitrates à condition d'être utilisées dans certaines conditions environnementales, climatiques et pédologiques et en fonction des cultures qui y sont associées.
Quels que soient les efforts de communication consentis, madame Marcel, je pense qu'à un moment la pédagogie doit prendre le relais pour impliquer véritablement nos concitoyens dans certains de nos projets. C'est un moyen de répondre en partie à leurs interrogations sur ce que nous faisons. Songez que des lycéens ont été capables de résoudre sur Internet une question sur laquelle les chercheurs butaient, sur le repliement des protéines : au nom de quoi nous priverions-nous de telles approches participatives ?