Intervention de François Houllier

Réunion du 24 juillet 2012 à 16h45
Commission des affaires économiques

François Houllier, candidat à la présidence de l'Institut national de la recherche agronomique, INRA :

L'expérimentation du centre de Colmar avait été précédée de plus de deux cents réunions publiques ; une instance de concertation avait été mise en place. Il n'y a donc pas eu défaut de communication, mais il y a un moment où l'on se heurte aux partis pris de certains de nos concitoyens.

L'unité de l'INRA à Avignon compte en son sein une équipe de recherche dédiée à la prévention des incendies de forêts, qui collabore avec des équipes portugaises, espagnoles ou italiennes. Elle mène des travaux de modélisation physique du feu, nécessitant un grand nombre d'heures de calcul informatique ; elle étudie également l'écologie du feu de forêt, la reconstitution des boisements, ainsi que les modes de sylviculture et les essences à privilégier. Cette petite équipe très performante, qui a coordonné des projets européens, est capable aussi bien de publier dans des revues académiques que de former des pompiers !

Il est vrai, monsieur Le Ray, que la France importe toujours beaucoup de protéines pour l'alimentation animale, d'ailleurs parfois issues d'OGM. Nous avons, pour notre part, maintenu à Dijon une unité de recherche dédiée aux légumineuses et aux protéagineux, à un moment où ces cultures étaient considérées comme peu rentables. Nous sommes de ce fait l'organisme européen qui investit le plus dans ces recherches. Cependant, la mise en culture elle-même relève de la seule décision des agriculteurs. Mais l'ensemble de la filière semble désormais vouloir se remobiliser. C'est un sujet important, surtout si nous voulons diversifier à l'avenir nos systèmes de culture.

S'agissant de la part de l'agriculture biologique dans nos travaux, je ne peux pas vous donner un pourcentage précis, certaines de nos recherches génériques pouvant être utiles aux cultures biologiques – ainsi des vignes résistantes au mildiou et à l'oïdium peuvent servir en viticulture biologique autant qu'en viticulture conventionnelle. Cela étant, à strictement parler, nous y avons consacré depuis une dizaine d'années quarante projets de recherche pluridisciplinaires. Soixante-dix unités de recherche sur 200 sont mobilisées à un titre ou à un autre sur des sujets entrant dans ce champ, ainsi que 258 de nos agents.

Selon l'étude prospective que nous avons consacrée, en collaboration avec le CIRAD, aux systèmes agricoles mondiaux, on parviendra à nourrir neuf milliards d'êtres humains à quatre conditions : nous ne devons pas tous avoir le même régime alimentaire ; nous devrons réduire les pertes et les déchets tout au long de la filière alimentaire. Il faudra, en tout état de cause, améliorer les rendements ; enfin, il faudra développer le commerce, la relocalisation n'étant pas possible pour les régions où la production de nourriture est structurellement déficitaire.

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