Ah que l'on est fier de nos armées au Mali quand elles se montrent si efficaces ! Pourtant, le 10 octobre dernier, le chef d'état-major des armées rappelait devant votre commission que l'effort de défense de la France s'élevait à « 2 % du PIB en 1997, avant de se stabiliser ces dix dernières années entre 1,6 % et 1,7 % ». « En 2012, il est de 1,55 %. À l'horizon de 2015, il dépassera à peine 1,3 % », ajoutait-il. Il en est ainsi dans presque toute l'Europe.
L'effort de défense de la France reste néanmoins singulier et premier. Quelles sont en la matière les intentions réelles de la majorité ? Nous avions remercié le ministre, considérant qu'il n'avait pas mal défendu le budget de la défense lors de la préparation du projet de loi de finances pour 2013, mais qu'en sera-t-il du PLF pour 2014 ?
La CFTC demande depuis plusieurs années l'application d'une clause d'exception européenne de non-respect des critères de Maastricht pour les trois ou quatre pays de l'Union qui assument les plus gros efforts budgétaires en matière de défense. Certes, la France finance une capacité de frappe nucléaire qui est peu susceptible d'être utilisée lors de conflits asymétriques, mais, en intervenant sur des théâtres d'opérations extérieurs, elle assure aussi l'image de l'Europe. En 2013, elle dépensera 31 milliards d'euros pour son armée ; les technocrates et les financiers européens pourraient-ils peut-être en tenir compte lorsqu'ils reprochent à notre pays l'ampleur de ses déficits ?
Où en sommes-nous de la rédaction d'un Livre blanc de la défense européenne, prévu par le Livre blanc de 2008 ? L'Europe constitue un marché important pour l'industrie de l'armement. Où est l'agence européenne de l'armement capable de définir les spécifications des matériels adaptés aux besoins des armées européennes, de faire des appels d'offre et de passer des marchés ? L'Europe ne pourrait-elle pas travailler en ce sens dans quelques domaines et métiers stratégiques comme le transport aérien, le ravitaillement en vol, les avions de patrouille maritime ou de guet aérien, la guerre des mines, les satellites de transmission et de surveillance, l'achat de munitions et de combustibles, la gestion des stocks, la formation et l'entraînement, l'utilisation des simulateurs dans les camps d'entraînement, les champs de tir ou les centres d'essais et d'expertise ?
J'appelle votre attention sur les centres d'essais et d'expertise, car nous craignons une rationalisation de ces unités de préparation des programmes d'armement. Nous demandons que votre commission travaille sur le schéma directeur des centres d'essais en termes d'aménagement du territoire et de réappropriation de la recherche et développement militaire, notamment par la production de prototypes ou de démonstrateurs, comme pour les torpilles hyper-véloces.