Intervention de Fabrice Pelestor

Réunion du 6 février 2013 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Fabrice Pelestor, membre du bureau fédéral :

Ingénieur atomicien à la Direction générale de l'armement, je souhaite évoquer quelques questions relatives à la DGA.

Nous sommes actuellement à la limite de ce que nous pouvons supporter en termes d'effectifs, car nous avons été de trop bons élèves : tout recul risque de mettre en cause nos missions – le directeur des ressources humaines de la DGA nous l'a confirmé. Aujourd'hui, nous passons des marchés avec des entreprises privées afin qu'elles forment des personnels de la DGA, alors qu'autrefois nous formions les salariés des entreprises extérieures. Il faut prendre garde à cette évolution qui, sous prétexte d'économies budgétaires, conduit à la perte de nos compétences techniques.

Mais de telles compétences ne s'acquièrent pas en gardant les bras croisés ; il faut mettre les mains dans le cambouis. Sous-marins nucléaires ou missiles, la DGA a autrefois développé de nombreux projets, mais, aujourd'hui, techniquement, elle vit sur ses acquis ; elle ne fabrique plus rien elle-même. Il faut que la DGA ne se contente plus de faire faire ; elle doit faire à nouveau. Sans prendre la place des industriels qui produisent en série, elle doit fabriquer des démonstrateurs. Dans le secteur industriel, lorsque les crédits sont coupés, les recherches en cours sont arrêtées et les ingénieurs dispersés. La perte de compétence pourrait faire courir des risques, comme on l'a constaté au moment du lancement du missile M51.

En matière de recherche et développement, la DGA s'appuie souvent sur les universités, ce qui peut donner lieu à des fuites. Nous avons ainsi découvert récemment sur internet qu'un laboratoire universitaire, que la DGA soutenait depuis une dizaine d'années pour ses recherches en détonique, avait passé deux contrats avec la Corée du Sud pour une simulation de torpille hyper-véloce. Certes, il n'y avait là rien d'illégal, mais il serait peut-être judicieux de protéger le savoir-faire national en matière de défense, ce qui nécessiterait une réappropriation des moyens de recherche et développement au sein du ministère. Il faudrait par exemple pouvoir accueillir des thésards et, en sens inverse, permettre à des ingénieurs du ministère de la défense d'intégrer pendant quelques années des laboratoires universitaires sous contrat avec le ministère.

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