Intervention de Michèle Bonneton

Réunion du 14 février 2013 à 9h30
Mission d'information sur les coûts de production en france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Bonneton :

J'approuve la plupart des propos que nous venons d'entendre. Retenons tout de même quelques éléments positifs, à commencer par la productivité des salariés français, l'une des meilleures au monde, et les investissements étrangers, dont le niveau reste élevé par comparaison avec les autres pays européens : cela montre que les coûts de production sont maîtrisés ou, à tout le moins, qu'ils ne constituent pas un obstacle pour ces investissements.

Reste que, d'après une étude récente des professionnels de la machine-outil, l'outil de production français, dont la moyenne d'âge est de dix-neuf ans – contre dix en Italie et neuf en Allemagne –, accuse un retard important en termes d'investissements. Cette situation tient sans doute aux difficultés de financement des entreprises, liées notamment à la diminution de leur capacité d'autofinancement. La BPI, dont elles disent attendre beaucoup, sera-t-elle en mesure de répondre à leurs attentes, ou faut-il intervenir dans les plus brefs délais auprès du système bancaire ?

Je ne reviens pas sur l'innovation et la recherche de qualité, qui comptent aussi beaucoup. À cet égard, les entreprises apprécient beaucoup le crédit d'impôt recherche, qui a été reconduit.

La formation professionnelle semble réservée aux salariés qui sont déjà les plus qualifiés ; pour les autres, l'offre n'apparaît guère adaptée. La décentralisation régionale sera-t-elle suffisante ? Je crains fort qu'elle ne fasse passer la formation professionnelle dans les mains du privé : loin de moi l'idée de proscrire les partenariats public-privé en ce domaine, mais un fort engagement du secteur public me semble nécessaire.

Quant à l'énergie nucléaire, n'oublions pas ses « coûts cachés ». Une récente étude a ainsi montré qu'un accident sur un seul réacteur coûterait à la France 430 milliards d'euros, soit deux fois le coût de l'ensemble de notre parc. Et la facture provisoire de Tchernobyl se monte déjà à 1 000 milliards d'euros.

Si le coût des matières premières ne représente qu'une faible part du prix du produit fini, les marges brutes de certaines entreprises en ce domaine ne laissent pas de m'étonner : sur les minerais, elles atteignent par exemple 40 %, voire davantage, pour Rio Tinto. N'est-il pas urgent de réduire la consommation d'énergie et de matières premières en favorisant le recyclage et en innovant dans les processus de fabrication, selon le modèle de l'économie circulaire ?

S'agissant du coût du travail, rappelons que l'Europe est le principal marché pour nos entreprises : si les salaires européens faiblissent, la consommation risque de diminuer dans des proportions encore plus importantes qu'aujourd'hui.

Enfin, à l'international, pourquoi ne pas appliquer le principe du juste échange, fondé sur la réciprocité ou des critères sociaux et environnementaux ? L'Europe constitue l'ensemble le plus ouvert au monde : un rééquilibrage passerait sans doute par l'instauration de différentes barrières à ses frontières.

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