Non pas par une logique répressive qui détruit et qui maltraite, pas plus que par une sorte de complicité bienveillante qui nivelle. Ces deux démarches posent problème, parce qu'elles nient le principe d'autorité. Or – je vous renvoie à Hannah Arendt – sans l'autorité, c'est la loi des plus forts qui s'impose, ce sont les fatalismes et les déterminismes sociaux qui l'emportent.
Il ne doit donc pas être interdit d'interdire, ni de sanctionner, comme l'on disait en 1968, quand il s'agit de permettre à chacun de sortir du déterminisme. Pour cette raison, il est essentiel de fixer un cadre en matière d'éducation, y compris en posant des interdits. La vraie tolérance est celle qui pose des limites entre ce qui est tolérable et ce qui ne l'est pas, et cela dans le respect de chacun. C'est ainsi qu'elle autorise chacun à être, à grandir, à s'épanouir et à trouver sa place.
Voilà pourquoi il nous semble indispensable de concevoir un partenariat d'éducation partagée entre les familles et les enseignants, un dialogue mutuel entre les compétences des uns et des autres, avec des enjeux en matière de formation – pour les enseignants, bien sûr, mais aussi pour les parents. Il faut d'ailleurs reconnaître une compétence aux parents, ce qui suppose au préalable d'identifier leur responsabilité. Certains parents, parfois démunis face aux adolescents, ont besoin d'une formation. De leur côté, les enseignants doivent être formés à une nouvelle relation avec les parents.
Il est vrai que la proposition de loi qui nous est soumise ne parcourt qu'une partie du chemin ; mais elle n'a pas, elle, vocation à refonder l'école. Ce devrait être à cette grande loi de refondation de poursuivre le chemin et de le prolonger. Pour autant, le texte qui nous est soumis aujourd'hui tend bien, en instituant un mécanisme d'avertissement préalable des parents d'enfants commettant des violences à l'école, à susciter une démarche d'autorité partagée et bienveillante entre le corps enseignant et les parents. La sanction n'intervient que comme la phase ultime d'un processus, dans des cas sérieux et selon un système gradué en fonction de la gravité des violences.
On peut bien parler de retissage des liens sociaux ; mais à quoi bon, si l'on en reste à des déclarations de principe ? On peut, avec les mêmes bonnes intentions, évoquer l'amélioration de la vie des équipes scolaires, l'instauration d'une gouvernance démocratique ou le développement de projets collectifs et participatifs ; mais à quoi bon, si l'on n'a pas posé des limites et établi des passerelles nouvelles entre le monde de l'enseignement et les parents ? On peut encore souhaiter bousculer la pédagogie – comme je l'ai entendu –, mais à condition de ne pas le faire dans un monde clos et en s'en tenant aux bons sentiments.
Le Gouvernement a commencé à fournir des réponses pour lutter contre les violences scolaires. Quelles sont-elles ? La création des 500 postes d'APS – M. le rapporteur l'a rappelé – dans les établissements dits sensibles, dès la rentrée 2012. Cette logique-là, vous ne le nierez pas, est bien celle du cadre et, le cas échéant, de la sanction. Il est également prévu, il est vrai, dans le projet de loi de refondation de l'école, de faire acquérir aux élèves le respect de la personne, de ses origines et de ses différences, ainsi que l'égalité entre les femmes et les hommes.
Mais, en réalité, tout cela ne répond pas au véritable enjeu tel que je viens de vous le présenter. Nous sommes très loin et très en deçà de ce que devrait être une véritable démarche innovante et profondément républicaine qui viserait, non pas à refonder l'école, mais peut-être, simplement et plus modestement, à relier l'enseignement aux réalités quotidiennes des familles. Et nous sommes convaincus que le bon chemin est là.
Comme c'est prévisible, vous balaierez d'un revers de main cette proposition de loi, alors qu'elle ouvre une voie. Mais peut-être la discussion à venir nous donnera-t-elle l'occasion d'améliorer votre texte dans ce sens ? Dans cette perspective, le groupe UDI votera pour la présente proposition de loi.
Madame la présidente, je vous rends deux minutes cinquante. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)