Intervention de Michèle Bonneton

Séance en hémicycle du 21 février 2013 à 15h00
Prévention de et lutte contre la violence en milieu scolaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Bonneton :

Il ne s'agit pas de faire preuve d'un angélisme aveugle : la sanction peut être nécessaire lorsqu'elle est appliquée à bon escient, mais elle n'a d'intérêt que si elle est pédagogique et mesurée, si elle a un sens et est comprise par l'enfant. La punition sévère à outrance et incomprise ne fait, elle, que dégrader davantage les relations entre élèves et adultes.

En fait, il faut avoir l'ambition de redonner le goût d'apprendre aux élèves et de les rendre acteurs de leur parcours.

Cette proposition de loi repose sur une vision par trop réductrice des violences en milieu scolaire, lesquelles seraient uniquement le fait des élèves envers les adultes. C'est méconnaître que la violence peut aussi être due aussi aux relations des adultes entre eux, comme le rappelle Éric Debarbieux dans son rapport. Nous souhaiterions donc que la formation des enseignants, si malmenée durant les cinq dernières années, comprenne des modules de gestion des conflits et prépare à un renforcement des relations avec les familles.

L'amélioration de l'ambiance au sein d'un établissement scolaire découle aussi de la nature de ses projets pédagogiques, ou encore du développement de projets collectifs et participatifs. Ces projets ne pouvant se construire que sur le long terme, et c'est pourquoi il faut privilégier la stabilité des équipes pédagogiques. Cela permet non seulement aux enfants et aux parents d'avoir des référents stables et clairement identifiés, mais aussi aux enseignants de se projeter dans la durée.

Le Gouvernement a pris conscience de l'ampleur de ce problème de violence, et a mis en place des mesures pour y répondre : 500 postes d'assistants de prévention et de sécurité ont d'ores et déjà été créés ; une instruction morale et civique est dispensée à tous les niveaux ; une délégation ministérielle pour la prévention et la lutte contre les violences en milieu scolaire a été lancée le 16 septembre. Nous attendons beaucoup de cette délégation et des conclusions qu'elle rendra.

Nous saluons évidemment ces mesures, qui devraient en appeler d'autres. Toutefois, nous considérons que c'est vers un profond remodelage de notre école que nous devons tendre, en concertation avec les professionnels de l'éducation, à l'écoute des équipes pédagogiques, sur le terrain, et de tous les acteurs de l'école. C'est pourquoi le groupe écologiste sera très attentif au projet de loi de refondation de l'école qui nous devrait nous être soumis dans quelques temps.

Quant à la présente proposition de loi, nous ne partageons pas la stigmatisation et la coercition dont elle est porteuse et nous rejetons sa logique de pure sanction financière. Nous voterons contre.

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