Intervention de Denis Baupin

Réunion du 25 juillet 2012 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDenis Baupin :

L'évaluation que l'on peut faire de Durban est forcément ambivalente : il y a, d'un côté, l'opinion de ceux qui ont participé aux négociations et qui, considérant que cela aurait pu être pire, estiment que c'est un succès, et ceux qui voient que les températures ne cessent d'augmenter, que la banquise n'a jamais été aussi atteinte et que l'Agence internationale de l'énergie elle-même – qui, pourtant, vous l'avez rappelé, n'a rien d'une officine écologiste – tire la sonnette d'alarme. Les générations futures porteront sur nous un jugement très sévère si, ayant eu entre les mains toutes les informations utiles, nous n'avons pas été capables de prendre les décisions qui s'imposaient. Face à un tel constat, les avancées que vous avez signalées paraissent bien timides.

En ce qui concerne l'objectif de deux degrés, dont certains craignent qu'il ne soit même pas respecté, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) explique que, si, il y a quelques années, lorsqu'il a recommandé de limiter le réchauffement à deux degrés, il avait eu les informations sur les conséquences de l'élévation des températures dont il dispose aujourd'hui, il aurait plutôt souhaité 1,5 degré.

Vous avez évoqué le débat en cours au niveau européen sur la possibilité de rester à 20 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ou de passer à 25 %, voire à 30 %, comme le proposent certains pays. Il faut rappeler que le Parlement européen a pris position pour un objectif de 30 % à l'horizon 2020, considérant que, en raison de la crise économique, les réductions de gaz à effet de serre sont plus importantes que prévu et que, d'un point de vue industriel, la transition représente un enjeu majeur pour l'économie verte. Vous avez raison, il faut que les choses soient lisibles pour les industriels. Prenons donc des décisions, quitte à aider les pays pour lesquels il serait plus difficile de tenir ces engagements – vous avez à juste titre cité la Pologne.

J'ai également peine à croire, comme le président Chanteguet, que la France a totalement respecté ses engagements sur le fast-start. Il ne s'agit, en fait, que de redéploiements : on prend des crédits d'aide publique au développement, destinés aux systèmes d'assainissement d'eau ou aux écoles, pour les consacrer à la lutte contre le dérèglement climatique. Cette histoire des 100 milliards de dollars est un jeu de dupes ! Vous dites, aujourd'hui, qu'il s'agit d'une somme globale, dans laquelle doit être comptabilisée toute l'aide publique au développement : ce n'est pas ce qui avait été compris au moment de Copenhague.

Enfin, il est vrai que l'Europe est le continent le plus actif dans les négociations sur le dérèglement climatique, mais elle a besoin d'alliés. Pouvez-vous nous parler des alliances qui se nouent, me semble-t-il, de façon positive avec les pays les plus pauvres pour obtenir des avancées plus rapides face à des États – tels le Canada, l'Australie ou les États-Unis – qui, eux, sont beaucoup moins allants ?

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