Intervention de Stéphane Demilly

Réunion du 25 juillet 2012 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Demilly :

Depuis votre précédente audition à la veille du sommet de Durban, s'est tenu le sommet « Rio + 20 », vingt après le Sommet de la Terre de Rio, en 1992. Le bilan que l'on peut tirer de cette réunion internationale est pour le moins mitigé, malgré l'intitulé de la déclaration officielle finale : « L'avenir que nous voulons ».

On peut se demander si la crise économique mondiale n'entraîne pas une forme de renoncement et si nous ne sommes pas en train de basculer d'une stratégie de lutte contre le réchauffement climatique à une stratégie d'adaptation, chacun semblant avoir fait son deuil de l'objectif visant à limiter à deux degrés la hausse des températures d'ici à la fin du siècle. Outre les effets de la crise, les conditions pour effectuer un véritable saut quantitatif et qualitatif ne semblent pas réunies. En effet, pour faire avancer des négociations climatiques multilatérales aussi complexes, il faut, me semble-t-il, au moins deux moteurs : d'abord, un groupe de pays leaders et volontaires ; ensuite, des financements innovants. Or les deux font aujourd'hui cruellement défaut et le volontarisme de la France, dont vous témoignez, ne peut suffire à lui seul. Il faut rappeler que la Chine et les États-Unis représentent à eux deux 40 % des émissions de gaz à effet de serre et qu'ils continuent de refuser tout engagement contraignant.

Par ailleurs, comme M. Saddier, je souhaiterais connaître votre point de vue sur le projet d'Organisation mondiale de l'environnement.

Pour ne pas être totalement négatif, je voudrais, malgré tout, souligner l'avancée positive de « Rio + 20 ». Pour la première fois, les chefs d'État de la planète se sont donné pour objectif d'assurer l'accès à l'énergie de la population mondiale. Un récent article de l'hebdomadaire Le Point rappelle que 1,3 milliard d'hommes n'ont pas accès à l'électricité. Ce chiffre devrait encore augmenter en Afrique subsaharienne au cours des vingt prochaines années, la croissance démographique dépassant les efforts d'électrification. Or l'accès à l'électricité, même en quantité limitée, permet de briser le cercle vicieux de l'extrême pauvreté. Accéder à l'électricité, c'est accéder à l'éclairage, à l'eau potable par pompage des eaux souterraines, à la réfrigération alimentaire et pharmaceutique, à la modernisation de l'agriculture et de l'artisanat. Bref, c'est un moyen d'accéder à la santé, à l'éducation, au développement de l'économie et au maintien des populations en zone rurale. C'est donc un enjeu essentiel qui nécessitera de développer massivement les énergies renouvelables. J'aimerais également connaître votre sentiment sur cette question.

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