Intervention de général Jacques Mignaux

Réunion du 10 juillet 2012 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

général Jacques Mignaux, directeur général de la gendarmerie nationale :

Monsieur Le Bris, je sais que vous êtes un fin connaisseur des questions relatives à la concertation ! Nous sommes, vous le savez, très attentifs au moral de nos troupes. Celui-ci est lié aux moyens dont dispose la gendarmerie pour fonctionner et à la clarté des missions qui lui sont affectées.

Nous avons rénové le dialogue interne car notre organisation est très déconcentrée. Nous avons diminué le nombre de représentants du personnel qui est passé de 2 000 à 800. Nous effectuons pour eux un important travail de formation mais aussi à destination des cadres de contact. Beaucoup de problèmes peuvent en effet être réglés au niveau local.

Le système ainsi rénové fonctionne depuis un peu moins de deux ans. Les gendarmes ne veulent en aucun cas d'une forme de syndicalisme, incompatible avec le statut militaire. Nos deux ministres de tutelle ont bien pris conscience de cette nouvelle donne et ont à coeur de faire vivre le dialogue. La réflexion du ministre de la défense va à présent porter, comme il l'a indiqué lors de la session plénière du dernier Conseil supérieur de la fonction militaire, sur la crédibilité et la légitimité des instances nationales de concertation.

Monsieur Vitel, je me suis exprimé sur ce sujet après avoir entendu les femmes gendarmes. Il y a trente ans, il n'était pas facile d'être une femme dans une unité opérationnelle de la gendarmerie, qui avait la réputation d'être un peu « macho » ! Les femmes ont, depuis, gagné leur légitimité, et elles ne veulent pas que le spectre de leurs missions soit limité. Cela serait considéré comme un recul.

Concernant le drame de Collobrières, l'incident avait été initialement signalé comme étant un drame de voisinage. Les deux femmes gendarmes, toutes deux gradées et expérimentées, ont rendu compte au capitaine de leur arrivée sur place. Une fois sur place, on leur a indiqué qu'il s'agissait en fait d'un cambriolage et que l'auteur présumé était enfermé chez lui. Il n'y avait pas là non plus d'élément particulier de dangerosité ; il y a, en France, chaque année, près de 9 millions d'appels téléphoniques qui donnent lieu à l'envoi de 1,3 million de patrouilles d'intervention de la gendarmerie. Dans ce cas, l'individu était extrêmement dangereux et retors mais pas fou, ce dont on ne pouvait s'apercevoir qu'après coup.

Est-ce que la présence de deux hommes de 100 kilos l'aurait incité à avoir un comportement différent ? Peut-être n'aurait-il pas osé les agresser. Mais des hommes sont aussi tués dans des circonstances similaires. Tout cela s'est joué en quelques secondes.

Cela a bien évidemment suscité chez nous des interrogations. Nous nous efforçons de fournir du matériel aux femmes et hommes de terrain qui interviennent dans les quartiers les plus difficiles. Nous insistons également, dans les écoles d'intervention professionnelle, sur l'usage des armements non létaux, comme le pistolet à impulsion électrique, très efficace. Nous apprenons à nos gendarmes à se défendre, même s'ils nous disent qu'ils sont occupés par d'autres tâches.

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