Intervention de Michel Françaix

Réunion du 25 juillet 2012 à 10h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Françaix :

Votre présentation, madame la présidente, résume bien la situation et met en évidence les anomalies à corriger.

Chaque année, en effet, une action intelligente sur les coûts permet de régler une partie des problèmes, mais cette résorption a lieu avec deux ans de retard et ce décalage s'accentue.

Pour l'État, il est difficile d'aider à la fois La Poste, le portage et la distribution assurée par les messageries : s'il apporte un soutien plus important à l'un, c'est au détriment de l'autre, et il en résulte encore plus de complexité. Il faudra donc faire la clarté sur nos objectifs. Force est de constater, chers collègues de l'opposition, que les États généraux de la presse écrite n'ont pas permis de faire avancer la réflexion en ce domaine !

Le statut coopératif des messageries de presse, issu de la Résistance, vise à permettre la distribution de tous les journaux, petits et grands, et à établir un prix moyen pour cette distribution, déficitaire pour certaines publications mais bénéficiaire pour d'autres. Depuis, une concurrence forte entre deux messageries s'est fait jour et l'État l'a acceptée. Comme toujours en pareil cas, un des acteurs, dynamique et intelligent, s'est emparé de ce qui était profitable, laissant le reste à l'autre. Les MLP font valoir qu'elles arrivent à s'en sortir avec souplesse en ne s'occupant pas des quotidiens. Ont-elles, pour autant, abandonné toute agressivité commerciale ? Sauf erreur de ma part, elles ont obtenu assez récemment la distribution de grands magazines. Tous les rapports recommandent aux deux messageries de travailler ensemble. Si les acteurs acquiescent tout en continuant à faire l'inverse, nous allons au-devant de sérieuses difficultés !

Autre problème, celui des grossistes, qu'ils soient à votre charge, à celle de votre concurrent, ou qu'ils soient indépendants. Leur nombre est passé de 1 000 il y a vingt ans à environ 150 aujourd'hui. Il en faudrait, dites-vous, 95, voire 60 selon certains rapports, et ce en deux ans. Qui paiera les pots cassés ? L'État ? Ou doit-on considérer qu'il s'agit d'un aspect de la politique menée par les distributeurs ?

Découvrirons-nous, au détour d'un rapport, qu'il serait opportun de ne conserver que la moitié des 2 500 salariés de Presstalis ? Est-il possible de l'éviter ? Dans l'hypothèse inverse, revient-il aux pouvoirs publics de prendre en charge un tel coût social ?

Par ailleurs, vous avez peu évoqué le troisième niveau, celui des kiosquiers ou des marchands de journaux qui continuent à travailler 364 jours sur 365. Si l'on réduit le nombre de grossistes, seront-ils toujours livrés à temps ? Il ne faut pas s'étonner que des retards – j'en constate déjà chez certains marchands – favorisent le portage ou l'achat direct chez d'autres commerçants, où l'on ne trouve plus que le journal régional le plus important et, éventuellement, deux ou trois autres publications. Paris Turf peut s'acheter au PMU…

Mais la vraie question est la suivante : qu'attendez-vous de l'État le 30 juillet, et quelle part reviendra aux éditeurs dans la restructuration ? Pour ma part, j'ai une réponse : tout éditeur qui ne perd pas d'argent dans le système de distribution n'a plus vocation à recevoir les aides à la presse. En 1945, celles-ci étaient conçues comme des aides au lecteur citoyen. Dès lors qu'un éditeur ou un distributeur « reprend ses billes » et compte gagner de l'argent grâce à la distribution, il devient une entreprise comme les autres. C'est son droit, mais il ne peut prétendre à une partie du milliard d'euros destiné avant tout à la presse citoyenne.

Peut-être Presstalis et les MLP commencent-elles à travailler ensemble, mais cela ne va pas assez vite ! Par ailleurs, comment être sûr que certains éditeurs ne continuent pas à accentuer vos difficultés en jouant au plus malin ?

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