Les éditeurs ont alors commencé à réfléchir ensemble aux perspectives de moyen terme, étant entendu que les ventes au numéro continuent de baisser. On s'attend dans les quatre années à venir à une nouvelle diminution de 25 %, avec la possibilité qu'elle soit encore plus forte pour les quotidiens, où le basculement pourrait s'accélérer vers les éditions numériques. Les conséquences en seraient extrêmement lourdes pour l'ensemble de la filière, et Presstalis en particulier, vu l'importance de nos coûts fixes. En effet, les véhicules de livraison roulent, quel que soit le nombre d'exemplaires qu'ils transportent, et les contraintes horaires demeurent les mêmes. Nous cherchons donc, en lien avec les éditeurs, à anticiper une situation qui pourrait devenir encore plus critique. La réflexion commune engagée par les éditeurs a calmé le jeu entre Presstalis et les MLP.
La restructuration qui va devoir être menée dans les quatre prochaines années aura bien sûr une lourde incidence sur les effectifs de Presstalis. Plusieurs centaines de personnes pourraient être concernées par phases successives et le nombre total parfois avancé de neuf cents à mille personnes pourrait ne pas être faux. Tout dépend des hypothèses retenues et du traitement qui sera apporté localement dans les dépôts. Des réformes importantes seront nécessaires, notamment en région parisienne où il faudra regrouper des centres aujourd'hui dispersés. Les conséquences sociales en seront lourdes.
Comme l'a montré le rapport Rameix, la restructuration nécessaire est si importante qu'elle dépasse la capacité financière des acteurs, tant des éditeurs que des dépositaires. Un accompagnement de l'État, sous des formes restant à définir, est indispensable. Nous avions nous-mêmes fait des propositions, dont nous ne savons pas si elles seront ou non retenues.
Les éditeurs ont, quant à eux, pris conscience qu'ils devraient faire leur affaire des pertes intercalaires, qu'il faudra procéder à une augmentation de capital, accepter un point de barème supplémentaire pendant toute la période concernée, mettre en oeuvre une péréquation au sein de Presstalis mais aussi des MLP… Nous examinons les engagements qu'ils pourraient prendre parallèlement à l'État.
L'un des grands oubliés est le réseau des diffuseurs. À une époque où la situation était moins dramatique, on avait envisagé qu'une partie des économies générées aux premier et deuxième niveaux profitent aux diffuseurs, dont la santé n'était pas florissante. Ce n'est, hélas, plus d'actualité. Les diffuseurs de presse jouent pourtant un rôle essentiel en matière de lien social et d'aménagement du territoire, notamment dans les banlieues et en milieu rural. La desserte de certains d'entre eux représente aujourd'hui un coût énorme pour les éditeurs : l'exemplaire vendu ne permet pas toujours de payer son transport ! Toute la question est de savoir qui doit supporter le coût de cette capillarité, aussi nécessaire pour les éditeurs que pour certains territoires déjà défavorisés, mais qui pourraient l'être encore davantage si demain la presse n'y était plus distribuée. C'est là un sujet à soi seul, non traité aujourd'hui, dont devra débattre la profession et se saisir la représentation nationale.