Monsieur le président, mesdames, messieurs, le ministre de l'économie et des finances a commencé son propos en citant Philippe le Bel donnant quelques recommandations de bon aloi à son fils qui eut lui-même trois fils pour lui succéder, mais dont aucun n'eut de descendant mâle, respectant en cela la malédiction de Jacques de Molay, le grand maître des Templiers, condamné par le roi de France pour quelques sujets accessoires et principalement parce que les Templiers ne devaient pas, selon lui, renoncer à la dette contractée auprès d'eux par le royaume de France.
J'ignorais, monsieur le ministre que vous commenceriez votre propos de la sorte, mais il est vrai qu'après Louis X, Philippe V et Charles IV, il y eut le saut dynastique des Capétiens aux Valois, et je suis certain que l'ensemble des députés, sur quelques bancs qu'ils siègent, reconnaîtront au moins que, dès lors qu'elle a pour fondement des impasses financières, une malédiction a quelque chance de se réaliser. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Je devine par les exclamations qui viennent de la partie droite de l'hémicycle que vous craignez peut-être qu'à votre tour, mes chers collègues, une forme de malédiction vous frappe, tant la situation des finances publiques que vous nous laissez est inquiétante (Exclamations sur les bancs du groupe UMP), nous pouvons tous en convenir. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. –Protestations sur les bancs du groupe UMP.)
Elle est incontestablement inquiétante, comme en témoigne la loi de règlement, qui est la dernière étape budgétaire de l'année 2011, étape que personne ne songe à contester tant elle est la photographie exacte de ce qui s'est passé. Cette photographie fait apparaître ce qu'aura été le déficit budgétaire de l'État l'année dernière, un peu plus de 90 milliards d'euros. 90 milliards d'euros, c'est certes une réduction par rapport à l'année précédente, une réduction considérable (Exclamations sur quelques bancs du groupe UMP), de 59 milliards d'euros. Mais ces 59 milliards d'euros, avant qu'ils ne déclenchent des exclamations d'enthousiasme et de satisfaction, doivent être expliqués, afin de ramener ces exclamations à un peu plus d'objectivité.
La Cour des comptes, dont nous admettons entre nous que les dires sont difficilement contestables, reconnaît elle-même que l'essentiel de ces 59 milliards d'euros d'amélioration du déficit budgétaire entre 2010 et 2011 provient de l'arrêt du plan de relance. Une fois la fin de cette dépense supplémentaire prise en compte, l'amélioration n'est plus que de 14 milliards d'euros. Il faut naturellement les relativiser eux aussi.