Cette institution qu'est le mariage n'est pas immuable et a toujours évolué avec la société. Que l'on songe à l'égalité entre les deux membres du couple, au droit de vote accordé aux femmes ou au droit au divorce.
Nos débats de ce jour ont été préparés par les longues auditions que notre rapporteur a organisées pendant plus de deux mois. Nous avons ainsi entendu des sociologues, des ethnologues, des psychiatres, des philosophes, des juristes, des représentants d'associations et de familles homoparentales, des parents et des enfants. Je regrette que l'opposition n'ait pas été vraiment présente, puisque seuls deux députés, qui ne sont pas membres de cette Commission, ont pris la peine d'assister à la plupart d'entre elles. S'il en avait été autrement, nous aurions sans doute entendu moins d'approximations juridiques, de contrevérités et d'arguments infondés.
Nombre de nos voisins européens et de nos amis, dans le monde entier, nous regardent avec circonspection et attendent de voir la France des droits de l'homme tenir son rang. Or, notre pays est à la traîne, tandis que des milliers de couples de personnes de même sexe se marient chaque année en Espagne, en Belgique, en Norvège, en Argentine, au Canada, en Afrique du Sud. J'espère que M. Jacques Chagnon, président de l'Assemblée nationale du Québec, qui assistait tout à l'heure aux questions au Gouvernement dans l'hémicycle, n'a pas été trop déconcerté par ce qu'il y a vu et entendu. En 2002, nos cousins québécois ont en effet adopté, à l'unanimité, l'égalité des droits entre les couples homo- et hétérosexuels, avec pleine reconnaissance des droits parentaux et de filiation.
Alors que notre débat s'engage avec beaucoup de passion, ce que l'on peut comprendre, je souhaite que ce texte soit adopté par une majorité qui se situe au-delà des clivages politiques. Cela me semble important pour toutes les familles de France. J'espère que ce ne sera pas un voeu pieux.