Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 23 janvier 2013 à 11h45
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre de la défense :

La discussion avec nos partenaires européens sur l'envoi d'une force militaire au Mali, monsieur Guilloteau, a eu lieu en novembre et en décembre : nous avons dû les en convaincre, car cette idée, à l'origine, ne faisait pas l'unanimité. Pour ce faire, la France s'est appuyée sur la résolution 2085, adoptée, je le rappelle, à l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'ONU. Le Président Traoré a fait appel à la France, et à elle seule – pour les raisons historiques qui lient nos deux pays –, au titre de l'article 51 de la Charte des Nations unies, lequel fait obligation aux pays concernés de rendre compte au Conseil de sécurité, dans les trois jours, de l'usage qui en est fait. Aux termes du droit international, la Misma a pour mission de rétablir la souveraineté du Mali ; c'est donc ce à quoi elle doit s'employer, avec le soutien international le plus large.

S'agissant de la Somalie, il ne m'appartient pas de commenter les opérations du service Action de la DGSE. Reste qu'il fallait mener cette opération. Denis Allex avait été enlevé il y a trois ans et demi ; nous avions fini par identifier précisément l'endroit où il se trouvait. Dans ces conditions, nous avions le devoir d'agir. L'opération, bien préparée, était soutenue par d'importants moyens techniques. Elle était à deux doigts de réussir, et nous aurions été coupables de ne pas la tenter ; le Président de la République n'avait guère hésité avant de la décider ; il l'avait d'ailleurs fait bien avant l'intervention au Mali.

Nous sommes en contact avec le MNLA, dont se rapprochent certains Touaregs d'Ansar Dine qui se détournent d'Iyad ag Ghali. Trouver la bonne solution politique n'est cependant pas simple ; c'est là, comme je l'indiquais, notre grande priorité avec le déploiement de la Misma. Nous avançons donc avec précaution.

De 400 à 450 militaires, monsieur de Rugy, participent à la mission européenne, laquelle sera sur place dès la semaine prochaine ; ce chiffre inclut non seulement les formateurs, mais aussi les soldats qui les protégeront. Attendons, avant d'envisager de nouveaux effectifs, un premier bilan de cette mission.

Quant à la Misma, elle compte environ 1 000 hommes ; aux termes de la résolution 2085, l'objectif est de les porter à 3 300. Je rappelle cependant que le Tchad ne fait pas partie de cette force – non plus que de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, la CÉDÉAO –, et qu'il se propose de mobiliser plus de 2 000 soldats, dont 600 sont déjà sur place : au total, ce seraient donc de 5 500 à 5 800 militaires africains qui pourraient assurer la souveraineté recouvrée du Mali – car c'est bien là l'objectif : nos forces, comme l'a clairement répété le Président de la République, n'ont pas vocation à rester sur place.

L'acte terroriste qui a frappé l'Algérie constitue, au vu de son ampleur – 800 personnes prises en otage –, un véritable acte de guerre, expression d'ailleurs reprise à son compte par le Président de la République. L'Algérie y a répondu par un autre acte de guerre. Chacun en jugera : je n'ai pas d'observations à faire sur ce point, sauf pour rappeler que c'est bien l'Algérie qui a été agressée – ce dont on pouvait douter en entendant certains commentaires. Par le fait, même s'il est un dissident d'Aqmi, Mokhtar Belmokhtar se trouve aujourd'hui au Mali, et il alimente les forces terroristes que nous combattons.

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