Intervention de Jean-René Buisson

Réunion du 20 février 2013 à 10h00
Commission des affaires économiques

Jean-René Buisson, président de l'Association nationale des industries alimentaires, ANIA :

La période est difficile. Depuis une quinzaine de jours, la pression médiatique ne baisse pas et les consommateurs sont très préoccupés. Nous sommes confrontés à une crise de confiance.

Rappelons tout d'abord qu'il s'agit d'une fraude manifeste qui aura des suites judiciaires et que cette fraude, pour la première fois dans l'industrie alimentaire, porte sur la nature du produit. Nous sommes par conséquent confrontés à un problème que nous ne traitons pas habituellement, les contrôles que nous effectuons concernant la bactériologie des produits. Soulignons à cet égard que la traçabilité de nos produits est parfaite ; elle est même considérée comme l'une des meilleures au monde. La preuve en est qu'en deux jours, la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) a remonté le circuit sans difficulté. Nous pouvons donc à tout moment retrouver l'origine d'un produit.

La traçabilité a été organisée après la crise sanitaire dite de « la vache folle » qui fut un drame pour nos industries. C'est cette crise qui nous avait amenés à mettre en place un dispositif que tous les pays nous envient. En matière de sécurité alimentaire, notre pays connaît ainsi 200 fois moins d'incidents alimentaires pour un million d'habitants que les États-Unis. Nous ne rencontrons aucun incident de qualité car nous vérifions la bactériologie de nos produits, leur qualité, l'hygiène, l'adaptation du matériel. Mais nous ne vérifions pas la nature du produit, qui est indiquée sur le certificat du dernier fournisseur – celui qui livre le produit final. Celui-ci garantit qu'il s'agit bien du produit que nous avons commandé et qui figure dans le cahier des charges.

Vous pouvez trouver invraisemblable que nous ne nous assurions pas de la nature du produit que nous vendons. C'est qu'une telle fraude ne s'était jamais produite. En l'occurrence, il s'agissait d'un produit fourni surgelé et travaillé surgelé, sans qu'il soit possible de distinguer si c'était de la viande de cheval ou de boeuf.

L'entreprise Spanghero a sciemment utilisé de la viande de cheval – sciemment car conformément au code douanier, la mention « viande de cheval » figurait sur les factures. La première étiquette a été remplacée par une autre portant la mention « viande de boeuf ». Il s'agit bien d'une fraude. La viande a ensuite été envoyée à un certain nombre d'entreprises qui fabriquent les lasagnes, dont l'entreprise Findus. Celle-ci, à mon sens, a également une responsabilité dans la mesure où elle a reçu les étiquettes sans vérifier l'étiquetage, qui doit comporter la mention « viande européenne » et le nom du pays d'origine. Or celui-ci ne figurait pas sur l'étiquette.

Nos entreprises, quant à elles, mettent la viande dans un packaging. Nous contrôlons nos fournisseurs en procédant à des audits. Or, en l'occurrence, il aurait fallu effectuer des tests ADN, seul moyen de détecter la nature de la viande.

Bien sûr, nous allons renforcer nos contrôles de manière significative – nous en parlerons demain avec les ministres concernés – et mettre en place des systèmes qui iront beaucoup plus loin dans le contrôle de la nature du produit. La traçabilité, c'est comme la carte bleue : le dispositif fonctionne bien et ne doit pas être remis en cause, il faut simplement trouver les moyens d'éviter les fraudes. Si je suis personnellement préoccupé quant à l'évolution de la relation de confiance qui nous lie aux consommateurs, je répète néanmoins une fois encore que le problème n'est en aucun cas sanitaire. Nous allons développer nos contrôles, non seulement auprès de nos fournisseurs, mais également auprès des fournisseurs de nos fournisseurs.

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