Intervention de Brigitte Allain

Réunion du 20 février 2013 à 10h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBrigitte Allain :

Le scandale suscité par l'affaire des lasagnes a mis en lumière le mode de fonctionnement de notre agriculture industrielle – dont la production correspond à près de 90 % des aliments que nous consommons chaque jour. Transformés, emballés et vendus en différents endroits de la planète, ces produits parcourent plus de 1 000 kilomètres avant d'arriver dans nos assiettes. Le manque de traçabilité que cela implique accroît les risques sanitaires encourus par le consommateur : dès lors, quel est le coût réel de ces produits pour la société et quelles solutions retenir ?

Afin de garantir notre sécurité alimentaire, il nous faut impérativement rapprocher nos lieux de production et de consommation en créant des infrastructures de transformation de proximité, à l'instar des actions menées dans le Gers par notre collègue. Dans les filières du porc et de la volaille, le modèle d'agriculture subventionné et productiviste est un échec ! Le comité stratégique de la filière agroalimentaire installé cette semaine par le ministère de l'agriculture aura notamment pour mission d'assurer le développement durable de filières de qualité. Il conviendrait également d'assurer une meilleure répartition de la valeur ajoutée entre les producteurs et les distributeurs et d'appliquer le principe de précaution en rejetant certaines pratiques à risques telles que la culture d'organismes génétiquement modifiés (OGM), le clonage ou l'utilisation de farines animales. Je préconise d'ailleurs un moratoire sur ces dernières. Or le ministre chargé de l'agroalimentaire estime, lui, que la charte des aquaculteurs suffira ! Monsieur Buisson, qu'en pensez-vous ?

La traçabilité et l'étiquetage ne sont certes pas des remèdes mais au moins des garde-fous ! Alors que l'on impose aux paysans et aux artisans transformateurs des normes de plus en plus drastiques, fondées sur des obligations de moyens de même niveau que pour les industriels, les moyens de contrôle de la DGCCRF et la Direction générale de l'alimentation (DGAL) sur l'industrie alimentaire ont été sabordés ! C'est pourquoi nous souhaitons que l'étiquetage des produits soit plus complet et que les pouvoirs publics disposent de moyens efficaces pour faire respecter la loi. Différents types d'étiquetage permettraient de rassurer le consommateur : que pensez-vous de la généralisation de l'affichage environnemental préconisée par le Gouvernement, de l'étiquetage sur l'origine et la nature des matières premières pour les produits transformés, 2 et de l'étiquetage sur le type d'élevage pour la viande ? Afin de garantir la qualité de nos produits, il nous faut rééquilibrer le partage de la valeur ajoutée en faveur des producteurs. Pour ce faire, Système U a recours à une pratique innovante de partenariat : peut-on en attendre autant des autres distributeurs ? Ne serait-il pas nécessaire de réviser la loi ?

Enfin, la manière dont le ministre chargé de l'agroalimentaire a mis en lumière la lutte contre le gaspillage alimentaire est très intéressante. Je tiens aussi à saluer l'action remarquable des bénévoles des associations gestionnaires du programme d'aide aux plus démunis. Le Parlement s'est d'ailleurs exprimé en faveur du maintien de l'aide européenne, tant son utilité est reconnue. Comment coopérer avec la grande distribution pour éviter les gaspillages ? Vos associations ont-elles les moyens de réceptionner, de stocker et de distribuer dans de bonnes conditions ces denrées proches de la date limite de consommation ? Vous sentez-vous considéré à la hauteur des services que vous rendez ? Comment réduire la quantité d'aliments jetés avant d'arriver chez le consommateur ?

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