Intervention de Jean-René Buisson

Réunion du 20 février 2013 à 10h00
Commission des affaires économiques

Jean-René Buisson, président de l'Association nationale des industries alimentaires, ANIA :

70 % de la production agricole française est transformée dans nos usines implantées en France et 80 % de ce qui est produit en France est transformé sur notre territoire. L'industrie agroalimentaire est un élément clef de l'aménagement du territoire en France ! Si au lieu de cela, nous nous procurions nos matières premières hors de France, c'est également à l'extérieur que nous implanterions nos usines car il est essentiel pour notre industrie de travailler avec les filières les plus proches possibles.

Nous sommes très favorables aux contrôles publics de la DGCCRF. Il y a deux ou trois ans, nous nous sommes même battus pour éviter son démantèlement ! Elle a néanmoins perdu des effectifs. Notez que 99,7 % des produits qu'elle contrôle sont déclarés conformes à la réglementation ! Nous sommes également favorables à la multiplication des autocontrôles : nous allons d'ailleurs mettre en place des contrôles d'ADN onéreux, de l'ordre de 200 euros par test, permettant de vérifier l'origine des produits, et accentuer les contrôles de nos fournisseurs ainsi que de leurs propres fournisseurs.

Quant aux farines animales, nous n'avons pour notre part jamais réclamé leur réintégration, qui résulte d'une décision prise par Bruxelles sans la moindre concertation préalable ! Cela étant, il ne s'agira pas des mêmes farines qu'auparavant puisque, au lieu de déchets de viande, elles contiendront de la volaille et du porc. Par ailleurs, il semblerait que l'on ait besoin de sept kilos de poissons d'eau de mer pour nourrir un kilo de poissons de pisciculture, ce qui présente un risque de destruction de l'écosystème de pêche naturelle.

L'étiquetage nutritionnel relève de l'échelon européen, avec toutes les lourdeurs juridiques que cela implique. Nous avons beaucoup influencé la rédaction de la directive européenne qui a fini par être publiée à ce sujet, afin que l'information du consommateur soit à la fois la plus simple et la plus complète possible : ainsi la valeur calorique sera-t-elle indiquée par part ou par contenant, et non par portion de cent grammes. Nous avons également discuté des indications relatives à la teneur en sucre des aliments : or les cardiologues souhaitaient que l'on fasse la distinction entre six catégories de sucre différentes !

L'industrie agroalimentaire est également favorable à l'étiquetage environnemental : c'est même elle qui s'est montrée la plus prompte à l'utiliser. Encore faut-il que cet étiquetage relativement complexe soit le plus moderne possible et qu'il n'en vienne pas à nous empêcher d'indiquer le nom du produit sur l'emballage ! Nous souhaiterions donc profiter des technologies numériques et faire lire ces étiquettes au consommateur sur son smartphone par l'intermédiaire d'un code figurant sur l'emballage du produit.

La réglementation de l'origine est européenne, elle aussi. Là encore, des normes existent déjà puisque dès la fin 2014, tous les ingrédients dominants d'un produit devront être mentionnés sur son étiquette. Quant à la viande de boeuf, la Commission européenne est actuellement en train de réaliser une étude spécifique prévoyant une identification systématique de son origine, même lorsque cette viande ne représente qu'une petite proportion du produit. Cette étude est censée aboutir fin 2013 mais nous essayons d'en avancer la remise au mois de juin pour permettre une application rapide du dispositif. L'étiquetage de l'origine est en revanche beaucoup plus complexe pour les produits comportant de nombreuses composantes – ce qui ne veut pas dire que j'y sois opposé pour autant.

Enfin, ne confondons pas l'origine et la traçabilité ! Dans l'affaire des lasagnes, indiquer l'origine de la viande ne nous aurait pas évité le scandale puisque nous avons eu affaire à un fraudeur ! De fait, le système de traçabilité français fonctionne bien et est l'un des meilleurs au monde.

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