Tout d'abord, le problème qu'a évoqué Philippe Martin date de plusieurs années ; le climat entourant les marchés publics dans le Gers a évolué depuis lors.
Un décret de 2011 a permis d'introduire dans le droit une dimension liée à l'approvisionnement direct en produits agricoles. La notion de proximité ne figure pas dans le code des marchés publics, d'où l'utilisation de ce terme d'approvisionnement. Le circuit court se définit par l'absence ou par la présence d'un seul intermédiaire. Il se distingue donc de la proximité. Cette dernière ne recoupe pas davantage l'idée de qualité. Seuls les labels disposant de cahiers des charges précis s'inscrivent dans une démarche connue de qualité. Le bio répond à cette obligation ; il limite notamment le recours aux OGM, ce qui n'est pas forcément le cas des produits du label rouge pour lesquels on ignore l'alimentation des animaux.
Pour de petits lots de produits bios, les contrats, inférieurs au seuil du marché public, peuvent être passés de gré à gré avec des collèges de taille réduite. Les établissements acceptent de consulter un panel de fournisseurs permettant de faire appel au tissu local. Lorsque la procédure du marché s'impose, les performances liées au circuit court ne pèsent que de 10 % à 20 % dans l'évaluation de l'offre. Une évolution dans ce domaine serait donc souhaitable.
Le conseil général dispose de compétences de solidarité et constitue, par le biais des banques et des colis alimentaires, un observatoire, qui permet de constater que les personnes rencontrant des difficultés pour se nourrir souffrent davantage d'un problème de qualité de leur alimentation que de quantité. La façon de cuisiner les aliments constitue ainsi l'un des enjeux de la réappropriation de l'alimentation par ces populations. Une réflexion est conduite sur ces questions, en lien avec l'économie sociale et solidaire. Le conseil général souhaite, avec d'autres acteurs territoriaux, mettre en place une épicerie solidaire comprenant un volet éducatif, un pilier constitué de producteurs de la région et une fonction d'achat à prix réduit de produits de qualité provenant du marché local. Dans ce domaine, des innovations sont nécessaires et proviennent parfois d'une application souple de la réglementation. Il faut ainsi faire émerger de nouveaux modes de gouvernance, par exemple en matière de collecte de denrées chez les producteurs ou dans les supermarchés. Il est incroyable qu'un tiers de la production alimentaire finisse à la poubelle.
Enfin, les pays développés consomment trop de viande. Les producteurs ne peuvent pas entendre ce message ; or si tout le monde mangeait autant de viande que nous, la situation deviendrait insoutenable. L'obésité est d'ailleurs liée à une surconsommation de produits, dont certains ne sont pas très chers. Privilégions la qualité et la production locale de la viande à la quantité absorbée par chacun d'entre nous.