Malgré mon amitié pour Serge Papin, je tiens à marquer mon désaccord avec lui. Son propos présentant la grande distribution en défenseur des PME est risible. Je vous suggère, mesdames et messieurs les députés, d'inviter lors d'une prochaine audition des représentants de PME et de les interroger sur la grande distribution. Vous verrez alors s'ils pensent qu'elle les protège ! Parmi nos entreprises, 97 % sont des PME ou des TPE. Nous sommes donc bien placés pour évoquer leurs difficultés, notamment la faiblesse extrême des marges, imposée par la grande distribution.
S'agissant de la loi de modernisation de l'économie (LME), il convient non de la changer mais de l'appliquer. Les conditions générales de vente et le plan d'affaires forment les deux piliers de la LME, mais aucun distributeur ne les respecte. Il y a pourtant urgence à la mettre en oeuvre, sous peine de voir la majorité des entreprises alimentaires disparaître. D'autre part, opposer petites et grandes entreprises manque de pertinence, puisque ces dernières raisonnent par rapport à leurs structures en France. Nestlé et Danone représentent moins de 1 % du chiffre d'affaires d'un distributeur, alors que chaque distributeur pèse à hauteur de 15 % du chiffre d'affaires de ces entreprises en France. Ainsi les enjeux que doivent affronter les grands groupes et les PME se rejoignent-ils. La grande distribution adopte un comportement de non-application de la loi. M. Michel-Édouard Leclerc a lancé ce mouvement et, comme son enseigne gagne des parts de marché, ses concurrents suivent son exemple. C'est une honte et nous demandons que des dispositions soient insérées dans la prochaine loi sur la consommation pour garantir le respect du droit.
L'industrie agro-alimentaire doit faire face, hors période de crise, au reproche de fabriquer des produits trop gras, trop sucrés et trop salés qui favorisent le développement de l'obésité. L'Observatoire de la qualité de l'alimentation (OQALI) – organisme public – permet de vérifier l'évolution de la teneur en sucres, en gras et en sel de l'ensemble des produits élaborés par nos entreprises. Ne nous flagellons pas à l'excès, nous suivons dorénavant une approche bien plus qualitative que les pays anglo-saxons dans lesquels l'obésité croît plus rapidement. Nous bénéficions, en effet, d'une nourriture plus diversifiée et mieux structurée. Elle n'empêche pas, néanmoins, l'obésité de progresser, si bien que le combat doit continuer. L'éducation nutritionnelle constitue le pilier de notre action collective en la matière. Les habitudes alimentaires des adultes âgés de 30 ou de 40 ans n'évolueront pas, d'où la nécessité – en lien avec les écoles, les familles et l'ensemble des acteurs locaux – de transmettre aux enfants les principes d'une alimentation équilibrée et saine.
Nous manquons de viande. Huit cents de tonnes de viande de réforme – celle utilisée par l'industrie alimentaire – doivent être importées. Cette question rejoint celle de la PAC et, notamment, celle de la répartition des aides. Il est indéniable que les agriculteurs privilégient la culture du blé à l'élevage de la vache de réforme. Cette situation mérite que nous y réfléchissions, même si ce constat peut s'avérer difficile à porter politiquement.
Nous allons bien entendu changer les outils de contrôle. Nous avons pris conscience du manque de confiance du consommateur. Ce problème ne relève pas forcément du cadre réglementaire, ni même de la nature technique des contrôles – même si ces derniers doivent être perfectionnés –, mais il renvoie plutôt à une dimension sociétale de réconciliation des consommateurs avec leur industrie agro-alimentaire. Il faut défendre cette industrie qui est la première du pays et dont la balance commerciale reste excédentaire.
Elle transforme 70 % de la production agricole, ce qui représente 75 % du total de nos matières premières. Il s'agit donc d'une industrie de proximité, puisque la très grande majorité de ses produits proviennent de l'agriculture française.