Pas du tout. Qui organise la lutte des prix dans la grande distribution si ce n'est cette dernière ? Les enseignes mènent une guerre des prix entre elles et les tirent vers le bas. Le problème des prix est d'ailleurs occulté, alors qu'il s'avère fondamental. Les ménages consacraient 15 % de leurs revenus à la consommation alimentaire il y a douze ans. Cette part est tombée à 10 % – et ne dépasse pas 8 % pour les jeunes –, ce qui prouve que les prix de l'alimentation ne connaissent aucune dynamique inflationniste, du moins celle-ci est-elle incomparable par rapport à celle de la téléphonie ou du logement. Si l'on veut sauver les agriculteurs et une grande partie des PME, les fonctions de production et de vente de denrées alimentaires devront être rémunérées à un prix normal. Dans le cas contraire, nous serons contraints de subir les dérives actuelles qui poussent à faire appel aux traders pour chercher le produit le moins cher qui est le seul accepté par la grande distribution.
Le Gers conduit de très belles expériences, mais n'oublions pas que la majorité des gens travaillent et manquent de temps pour cuisiner, si bien que l'on ne pourra pas se passer du jour au lendemain des produits fabriqués par l'industrie alimentaire. Faisons donc en sorte qu'ils soient corrects et posons-nous les bonnes questions, comme celle du coût du travail, le prix de la viande de boeuf française étant 15 % plus élevé que celui pratiqué par d'autres pays européens. J'espère que la CEPC se penchera sur l'ensemble de ces sujets.